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proportions qu’il le calcule, induit probablement en erreur par les rudes fatigues de l’exploration pénible qu’il effectua.

Il ne me fut pas possible, en raison du peu de temps disponible, de visiter les bâtiments de l’estancia, placée en dehors de mon itinéraire. Nous allons plus au sud, et après avoir dépassé la colline dans une dépression du plateau sédimentaire, recouvert de sable et de gravier glaciaire où l’on remarque d’énormes blocs de granit et de plus petits de gneiss, nous trouvons la profonde brèche caractéristique et ancien lit d’un immense glacier par où court le rio Mayo, affluent du Senguerr, et d’où nait aussi, séparé par de simples moraines, le rio Coihaike, affluent de l’Aysen. Dans ses moraines, se reproduit un nouveau cas de divortium aquarum interocéanique à l’orient de la Cordillère des Andes. La photographie, que je donne de ce parage si intéressant, ne laisse aucun doute sur l’exactitude de mon opinion publiée il y a quelque temps, que quelques-uns de ces cours d’eau opposés surgissent dans de grandes failles profondes, dominées par les plateaux faiblement inclines de l’ouest à l’est (planche XX, fig. 1).

Si ces intéressants phénomènes eussent été examines par MM. Montaner, San Roman, Fischer, Stange, et autres qui ont soutenu que « divortia aquarum continental » est synonyme de « divortia aquarum de la Cordillère des Andes », il ne se serait assurément pas produit les mésintelligences que déplorent ceux qui connaissent de visu les régions australes, et la discussion de la ligne de frontières ne nous aurait pas amenés, argentins et chiliens, jusqu’à nous exposer à oublier que nous sommes frères. En réduisant à ses justes proportions la question si débattue des limites, je crois que nous l’eussions résolue déjà d’une manière satisfaisante pour les deux nations.

Je possédais déjà des données exactes sur cette dépression du rio Mayo, que m’avaient communiquées MM. Steinfeld et Botello, quand, en 1888, je leur confiai la mission d’explorer la région comprise entre le lac Buenos Aires et le lac Fontana, et je suis heureux de reconnaitre ici l’exactitude de ces observations. Ces deux fleuves ont leur origine dans la dépression transversale du Coihaike et du Mayo, autour d’une insignifiante élévation volcanique qui occupe le centre d’une source dans le cañadon commun.

Nous établissons le campement dans la pittoresque dépression, après une descente rendue difficile par l’escarpement des pentes des versants boisés et pierreux, et, le 29, suivant le lit du Mayo, je pus examiner la Casa de Piedra, caverne formée