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qu’il suffirait d’une somme de cinq mille piastres pour faciliter extrêmement les communications dans cette vaste vallée longitudinale, et unir ses fractions aujourd’hui séparées par l’érosion des moraines et par la forêt.

Quand je revins le soir à mon campement, j’eus le plaisir d’y retrouver Lange qui venait de rentrer avec des observations intéressantes obtenues au prix de dures fatigues. Je reçus aussi des nouvelles de Waag qui est déjà en chemin de retour.

Lange, qui avait dirigé la section de Chubut, après avoir envoyé les autres explorateurs à leurs zones d’opérations respectives pour procéder d’accord avec les instructions que j’avais données à La Plata, entreprit ses intéressants et difficiles travaux, le 29 février. Il emmenait trois hommes avec lui, et, comme éléments de transport, cinq chevaux et neuf mules, plus quatre charges avec les instruments, les vivres et le matériel de campement. Il se dirigea vers le nord, en traversant la belle vallée abritée par des bois situés sur les bords de l’arroyo suivi par les explorateurs, et par des buissons dont étaient couverts les versants des moraines. La région connue des colons ne s’étend pas au delà de dix kilomètres du Commissariat. Il passa la nuit à cette limite voisine de quelques petites lagunes dont les eaux paraissent s’écouler vers le Fta-Leufu.

Le jour suivant, il descendit au rio Perzey qui sort en cet endroit d’une gorge étroite à bords perpendiculaires, et prend sa source dans une moraine ancienne que les colons gallois ont appelé, à cause de sa cime horizontale : « Terre-plein de chemin de fer ». Ce fut un jour de malheur ; les charges se mouillèrent, et la plus grande partie des plaques photographiques furent perdues.

Le 2, Lange fit une reconnaissance sur la moraine, vers l’ouest, et put jouir de la vue des lacs dans une plaine ouverte, marécageuse, limitée au nord et à l’est par des montagnes élevées. Le Terre-plein y forme une division des eaux très curieuse. Des versants est et nord de la Sierra Situacion descendent des rivières volumineuses qui tournent à l’ouest, et se réunissent au cours d’eau qui sort de la plaine marécageuse où se trouvent les lagunes. Les deux jours suivants se passèrent en reconnaissances vers l’ouest, rendues extrêmement pénibles par l’abondance des roseaux sauvages, le marécage et le passage de grosses rivières dans lesquelles les animaux risquèrent de se noyer. Ces fatigues furent compensées par la vue