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labourables sont petites et humides au Llanquihué, ce qui ne permet pas de développer toute l’énergie. En outre, le climat très pluvieux fait que les récoltes sont toujours pauvres, tandis que de ce côté-ci des Andes, c’est le contraire qui arrive : le labourage est plus facile, et les pluies n’offrent pas ce caractère excessif.

Je suis certain que le jour où on destinera à la colonisation la terre fiscale comprise entre le lac Lacar et le lac Buenos Aires, sur une extension de huit cents kilomètres, elle sera peuplée rapidement, comme le cas s’est produit à l’égard des colons de la vallée 16 de Octubre, qui considèrent cette région comme bien supérieure à la vallée du Chubut tout prés de l’Atlantique. L’exploitation des forêts avoisinant le Nahuel-Huapi, et de celles qui croissent épaisses aux sources du Caleufu et du Traful, fournira du travail aux colons pendant de longues années. L’exploitation des bois sur les rives du lac et des lacs voisins qui s’y déversent peut se faire très facilement. Les îles du lac elles-mêmes abondent en cyprès et en coihués, essences qui prédominent dans la région boisée, tandis que les mélèzes ne se trouvent que dans les encaissements à l’ouest du lac, mais en proportion suffisante pour que leur exploitation soit rémunératrice.

Au sud du Chili, dans les parages où l’exploitation était aisée, le mélèze a complétement disparu et il ne s’y trouve plus aujourd’hui un seul arbre. Il faut les chercher vers le golfe de Reloncavi et sur les bords des fjörds du sud. Ce bois facile à travailler et de même couleur que le cèdre du Paraguay, s’emploie pour les constructions au Chili où le cyprès est rare. Le coihué est transformé en poutres, usage auquel le destine la résistance de ses fibres, qui lui fait obtenir à cet égard la préférence sur tous les autres, au Chili. Il y a d’autres bois de construction, tels que le cannelier, le maniu, etc., mais leur développement n’est pas aussi considérable.

L’exportation des bois de Nahuel-Huapi devra se faire par le chemin de fer de San Antonio. Si le fleuve Limay peut être considéré comme navigable, quand toutefois on en aura enlevé les roches formant ses rapides, il ne le sera pourtant pas toute l’année, et il ne sera pas possible d’y faire descendre de grands radeaux par suite des nombreux bancs mobiles qui se trouvent dans sa partie inférieure et dans le Rio Negro. Le bois jeté libre dans le courant pour être flotté par le fleuve, échouera sur les rives, et il faudra un nombreux personnel pour le remettre à flot. En outre, le trajet est très long ; et le remorquage