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prolonge depuis le sud de la Lagune Llancanelo dans les montagnes que limitent les bras du Río Grande, dont fait partie cette vallée, a sa plus grande hauteur dans cette partie sud, et descend graduellement vers le nord, à peine interrompue par le volcan isolé du Diamante et ses laves ; elle paraît être un reste d’un grand lac intérieur bordé au levant et au couchant par les hauteurs précurseurs des Andes, et celles du système du Nevado et de la Sierra Pintada, et plus au nord par les côteaux dont les principales protubérances sont les hauteurs de Guaiqueria et Guadal. L’apparition des volcans modernes du Diamante, de Leñas Amarillas et de ceux de l’orient, comme le Cerrito situé au nord du fleuve Diamante dans le voisinage du Cuadro Nacional, et de ceux de la Sierra du Nevado, contribua peut-être à la déviation de ces eaux, facilitant l’érosion, dans les directions qu’elles prennent actuellement. Les énormes dépôts de détritus roulés indiquent une masse considérable d’eau en mouvement, et si déjà en face de Mendoza, on observe parfaitement les moraines glaciaires, la présence de cette période et son action dans l’orographie préandine se note à première vue depuis l’Atuel jusqu’au sud. La profonde crevasse, ouverte dans le porphyre, aux environs du pont de Pituil sur l’Atuel est une des curiosités de la région, et mérite d’être reproduite ici (planche I). La plus grande dépression des chaînes orientales se trouve dans ce pittoresque « cañon ».

L’« Examen topographique et géologique », déjà cité, me permet de passer, sans plus m’arrêter, sur ces plaines qui n’attendent que l’irrigation pour se convertir en estancias productives. J’arrive à la Cañada Colorada, belle propriété, base d’une colonie importante quand son propriétaire se convaincra qu’il y a plus de profit dans l’exploitation du sol en fractions d’extension modérée que dans le système primitif actuellement implanté. L’« Alamito », aux environs de la Cañada Colorada, autrefois poste avancé des frontières, est abandonné, et ses beaux champs de luzerne se perdent sans être exploités par son propriétaire, le Trésor national.

Sans doute, il ne se passera pas longtemps avant qu’un chemin de fer traverse les Andes, suivant le défilé par où court le fleuve Salado, et ces terres acquerront alors une haute valeur. Le chemin de fer Tinguiririca-San Rafaël ne peut tarder à se construire, et sa prolongation jusqu’à Buenos Aires et Bahia Blanca, par des embranchements avec les chemins de fer qui avancent déjà dans cette direction, sera, à n’en pas dou-