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limites entre la République Argentine et le Chili. Je ne sais à quelle source il a pris le renseignement suivant : « Le Palena a son origine dans une vallée de la Cordillère limitée à l’orient par un chaînon qui ne manque pas de sommets neigeux, et qui se trouve uni au reste de la Cordillère par divers chaînons transversaux. » Comment prouve-t-il que le cas du Palena et du Corcovado (nom qu’il donne par erreur au Fta-Leufú, et non au fleuve Corcovado qui débouche dans le Pacifique, au nord du Palena) « est exactement le même que celui de Los Patos ou de San Juan, aux environs de l’Aconcagua ». Les faits, tels qu’ils se presentent dans la nature, sont absolument contraires à la manière dont nous les dépeint M. Serrano Montaner.

La reproduction photographique (planche XVIII) du paysage voisin de mon campement, à l’ouest des sources du Pico, affluent sud du Palena, dont le bassin hydrographique comprend une bonne zone des plaines patagoniques situées à l’est du chaînon central des Andes (considéré tel par M. Steffen), et des chaînons latéraux, en dit plus contre l’affirmation de M. Serrano que les descriptions que je puis faire à la légère ; en outre, la carte qui accompagne ces notes, préliminaire d’une autre plus détaillée qui paraîtra plus tard, présente les faits exacts.

Sur le chemin que je parcours, il n’y a rien qu’on puisse prendre pour un chaiînon, bien qu’on prétende élargir latéralement la Cordillère des Andes. Une vaste dépression transversale s’étend entre les roches éruptives à l’ouest du Tecka, et le large massif qui le sépare du bassin du Senguerr supérieur, resserrée à l’est par les collines qui précédent les monts du rio Gennua, et couverte des moraines étendues entre lesquelles l’érosion a formé de profonds cañadones et des vallées herbeuses, arrosées par une infinité de ruisseaux qui alimentent les sources des rios Pico et Frias, affluents du rio Claro (et, par conséquent, du Palena), et le Cherque, l’Omckel et l’Appeleg, affluents du Gennua et du Senguerr qui forme le bras sud du rio Chubut ; cette dépression est située à l’orient de la Cordillère des Andes, cela est hors de doute, et c’est ce que tout géographe, qui visitera ces parages, ne pourra que reconnaître. La Cordillère, précédée par des montagnes boisées, se voit à l’horizon avec de vagues contours qui ne sont définis que sur les hautes crêtes neigeuses. La colline des Baguales (1334 m.), située au centre de la dépression à l’ouest de mon chemin, domine les sources des rivières citées et est un reste de l’ancien plateau détruit presque entièrement par