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Page:Moressée - Un mariage à Mondorf, 1887.djvu/197

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amies l’agilité des gymnastes, faisant l’éloge de leur force et de leur précision.

Le succès du speech de M. Dubreuil et les applaudissements qui en avaient accueilli les derniers mots avaient été pour elle un véritable triomphe. Elle avait quitté le parc, emmenant Marcelle, sous le coup d’une émotion inaccoutumée, prise d’une folle envie de chanter et de rire. Il lui avait fallu même se prêcher pour reprendre, en rentrant à l’hôtel, l’air de réserve dont les circonstances lui faisaient un devoir.

Quand la cloche sonna l’heure du souper et qu’elle entra dans la salle à manger croyant y trouver son père, tout le monde s’empressa autour d’elle :

— Où donc est M. Dubreuil ?…

Et comme elle allait répondre et s’étonner elle-même de ne pas le trouver là, le garçon envoyé par son père pour la prévenir qu’il dînerait au Casino, vint lui dire la commission dont il était chargé.

Tout le monde s’était réuni. Voyez-vous cela ? Le porte-parole de la colonie étrangère de Mondorf qui ne prenait pas même la peine de s’enquérir s’il s’était convenablement acquitté de son office. C’était bien vrai qu’il avait tous les droits de le croire, mais encore !… Ou bien peut-être était-ce par modestie et pour éviter des compliments ?… En ce cas, il ne perdrait rien pour attendre.

Et la conversation, mise sur ce pied de franche cordialité, avait continué jusqu’au dessert. Le dîner avait été fort gai. Outre le thème de la fête à laquelle elles venaient d’assister, ces dames et ces demoiselles avaient à développer encore celui de la soirée, qui s’annonçait joyeuse.