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Page:Moressée - Un mariage à Mondorf, 1887.djvu/239

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même temps qu’elle faisait disparaître les traces des larmes de tout à l’heure !

— Entre, Marcelle, je suis ici.

— Où donc étais-tu passée, grande sœur, dit la fillette en refermant la porte. J’étais inquiète déjà, ne te voyant pas venir me prendre pour faire ma belle toilette de ce soir.

— Ne crains rien, chérie, nous serons prêtes avant l’heure. Et comme je vais te faire jolie ! Je vais te mettre ta robe de dentelle blanche, et tes longs gants de soirée, et ta parure de turquoises…

Cette magnifique toilette était presque achevée quand M. Dubreuil, sortant de chez lui, vint frapper à la chambre de Raymonde. Serait-on bientôt prêtes ?… Oui ?… Il fallait se hâter, car il était temps, si l’on voulait être exact…

Et comme, pour descendre, Marcelle était partie en avant, M. Dubreuil retenant sa fille un moment à l’écart :

— Raymonde, mon enfant chérie, dit-il, tu me vois bien malheureux ! Le docteur me quitte à l’instant, s’étant acquitté d’une mission à lui confiée par M. Fernand Darcier, qui te demande en mariage.

Et sans s’étonner du calme imperturbable avec lequel sa fille recevait cette communication :

— Chère enfant, ajouta-t-il, je remets mon sort entre tes mains. Que décides-tu ?…

Raymonde sentit une cruelle angoisse la mordre vivement au cœur. Mais elle se dompta, et sans se départir de sa belle tranquillité :

— Mon père, dit-elle, veuillez remercier ce soir M. Darcier de l’honneur qu’il a bien voulu me faire en me distinguant, et obtenez qu’il me pardonne de ne point pouvoir répondre à ses vœux. Je veux