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Page:Moressée - Un mariage à Mondorf, 1887.djvu/75

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Or, M, Pauley n’était pas un indifférent en cette matière : aussi prit-il à la conversation du député un intérêt qui lui rapporta autant de plaisir que de profit.

Il était six heures quand on rentra à l’établissement. Marcelle rapportait à Raymonde un énorme bouquet de fleurs des champs, fourragées au hasard le long des haies et des chemins. Elle avait pris l’avance pour le lui porter, de sorte que, quand son père et M. Pauley entrèrent au Casino, Raymonde, prévenue, s’y trouvait pour les saluer.

Elle avait passé une après-midi charmante, à faire de la musique dans le petit salon, réservé aux dames pour cet usage, et attenant au kursaal. Son talent de musicienne, tant de pianiste que de chanteuse, et aussi l’aménité de son caractère et la distinction de son esprit avaient fait de la jeune fille la reine de ce petit club féminin. Toujours gracieuse et bienveillante, incapable de refuser à qui la priait de se mettre au piano pour accompagner une romance, elle gagnait auprès des dames les sympathies que tous les baigneurs de leur côté accordaient à son père.

Quelques jours après son arrivée à Mondorf, elle avait fait le projet de reprendre ses habitudes charitables, auxquelles le voyage l’avait contrainte de renoncer depuis quelques jours. Elle s’enquit donc de l’adresse de quelque famille nécessiteuse, à laquelle il lui fût possible de porter chaque semaine ses consolations et ses secours. Mais elle ne trouva pas ce qu’elle cherchait : la population des villages luxembourgeois en général, et tout spécialement celle des contrées vignobles, compte un nombre d’indigents excessivement restreint.