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tation. Et pourtant chacune des paroisses écossaises ou anglaises désignées par Riel l’accepta, et le 16 novembre 1869, en présence de 150 hommes armés et bien disciplinés, au son du canon et d’une fusillade bien nourrie, les 24 représentants du peuple faisaient leur entrée au fort Garry transformé momentanément en salle législative.

La convention qu’ils formèrent siégea plusieurs jours ; mais en raison des divergences d’intérêt et d’une lettre de protestation arrachée à McTavish, le gouverneur de l’Assiniboia, qui était physiquement presque aussi malade que son propre gouvernement, dont les membres devaient leur nomination à cette même corporation qui bénéficiait seule de la vente du pays, et aussi parce que Riel ne paraissait pas assez pressé de dévoiler ses plans pour l’avenir, ses membres se séparèrent sans avoir accompli beaucoup plus qu’un simple échange de vues. Sans la malencontreuse proclamation de McTavish, qui en reconnaissait lui-même la futilité dans les circonstances, « un bien inappréciable eût pu résulter de cette convention », dit Alex. Begg dans son histoire du Nord-Ouest[1].

Pourtant une première liste des droits dont on se proposait d’exiger la reconnaissance par le gouvernement fédéral, comme condition d’entrée dans la Confédération, fut non seulement dressée, mais discutée au long et pratiquement adoptée par les deux partis. Elle ne contribua pas peu à tranquilliser les Anglais sur les intentions des métis, et, habilement disséminée dans les paroisses écossaises, elle les empêcha de céder aux sollicitations du colonel Dennis qui voulait les soulever contre Riel et les siens, parce qu’il devenait de plus en plus évident que ceux-ci avaient l’intention de former un gouvernement provisoire, pour servir d’intermédiaire entre la population de l’Assiniboia et les autorités canadiennes dans les négociations dont tout le monde, à part le petit groupe de nouveaux venus, admettaif la nécessité. Rien de formel ne fut pourtant fait dans ce sens avant la proclamation de McDougall.



Mais celui-ci brûlait de faire acte d’autorité. Sans avoir rien pour lui prouver que le Canada était réellement entré en possession du territoire de la Rivière-Rouge, il prépara une proclama-

  1. Vol. I, p. 396.