Page:Morice - La Littérature de tout à l’heure, 1889.djvu/263

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l’éternité. C’est pourtant le petit mérite de M. Gabriel Marc, d’avoir fidèlement copié l’Auvergne et les Auvergnats ; c’est pourtant le petit mérite de M. Gabriel Vicaire, de nous avoir servi quelques paysages et quelques cabarets bressans[1]. Nous avons aussi la littérature provençale et les Félibres, faux naïfs, simples d’artifice qui écrivent dans une langue académique et morte. Ils sévissent encore[2]. — l’auteur des Émaux Bressans — a un autre titre de gloire. L’oublier ! En compagnie d’un très bon garçon, M. Beauclair, M. Vicaire, « Adoré Floupette » pour la circonstance — a parodié dans les Déliquescences les « excentricités » des Décadents. Il y a bien de la gaîté dans cet opuscule. C’est à peine si on ose lui reprocher

d’avoir aux journalistes donné à rire, en somme,

  1. Il y a encore M. Fabié, « poëte du Rouergue, » H. Delthil, « poëte du Quercy »… qui sais-je encore !
  2. Quand M. Paul Verlaine (Romances sans Paroles) nous montre les paysage belges ou londonniens qu’il traverse, tout l’intérêt, pour nous, est dans l’âme du Poëte, dans la correspondance de cette âme avec le paysage, c’est ce que nous apprend d’humain ce paysage qui nous importe. — Quand Flaubert nous montre le désert où vit le Saint, ou les vastes plaines que parcourt l’armée des Mercenaires, c’est le sentiment — tristesse, impitoyable immensité — qui de la nature s’impose à l’homme, c’est le sentiment et c’est le sens que le Poëte dégage du spectacle. — Tout au contraire avec les versificateurs que je viens de nommer : ils sont épris — modérément d’ailleurs — de détails visuels dont ils ne cherchent pas le sens et qu’ils copient en humbles photographes.