Page:Morice - La Littérature de tout à l’heure, 1889.djvu/309

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ont donné à la rue du Sentier le goût de l’extraordinaire, c’est bien dommage. Concurremment avec « l’avénement de la démocratie dans la littérature », ce goût de raffinement, d’élégance et de poétisme s’est corrompu piteusement. Il y a de la recherche dans presque tous les livres — j’entends les plus médiocres — qu’on publie depuis dix ans : et c’est triste ! Et c’est risible ! Chic de garnison, aristocratie de commis-voyageurs, habits de pagea portes par des palefreniers, langage de salon parlé dans l’anti-chambre… L’atmosphère n’en est devenue que plus lourde aux poètes qui parfois lèvent qu’ils vivent dans un peuple de singes…

    certaines qualités inférieures de l’esprit : l’à-propos, la ruse, un sens secondaire des analogies, l’adresse des sous-entendus s’ingéniaient à faire entendre ce qu’il était défendu de dire. Bientôt, tout étant permis, le journalisme sera devenu un chenil où la voix homérique de Stentor ne serait qu’avec peine discernée. (Exception faite de quelques anciennes feuilles maintenues dans une certaine réserve par le poids de leurs traditions.)