Page:Morice - La Littérature de tout à l’heure, 1889.djvu/342

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Maudit l’heure qui coule ainsi qu’une eau trop lente,
Et sous le dur brocart sentant sa gorge en feu
Mord son exsangue main de sa bouche sanglante !



Édouard Dubus, qui tenta d’être naturaliste, précis et anecdotique, bien qu’il fut poëte, est bien vite devenu idéaliste, parce qu’il est poëte. Son chant est triste, comme d’un bon vivant qui se surprend, en plein rêve, à regretter, naïf et vrai, que telle ne soit point la vie. Mais ! c’est le rêve qui est la vie, et ton rêve est joyeux si tu sais vouloir ! — De cette actuelle période, comme transitoire, cette fleur de deuil :


Le ciel est envahi d’une tristesse grise
Où frissonne un reflet mourant de soleil froid ;
La brise au fond du parc gémit, la peur s’accroît,
Le marbre triomphal, blanc de givre, se brise.

Le rêve est désolé de brume toujours grise,
Le souvenir y laisse à peine un rayon froid.
Dans les âmes d’hiver dont la neige s’accroît
L’orgueil d’un cher empire évanoui se brise.

Pleuré longtemps par les rameaux crispés de froid,
Dans les bosquets voilés d’une dentelle grise
Un funèbre tapis de pourpre et d’or s’accroît.

Au glas du vent, la fleur d’illusion se brise.
Et, comme elle se meurt, dans l’atmosphère grise
Des yeux mystérieux luisent d’un soleil froid.[1]


Jean Court.


… Par la nuit violette et d’étoiles lamée,
Vers le sphinx immortel tu lèveras les bras,

  1. Édouard Dubus : Soir de Fête.