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LES ROMANCIERS[1]


Édouard Rod, qui traversa le Naturalisme et jura d’abord en M. Zola, peu à peu, entre le Naturalisme et le Roman psychologique, s’ouvrit une voie dont la nouveauté excellente était de détourner la fameuse « enquête » moderne du soin secondaire des apparences et du monde extérieur pour l’introduire dans la conscience. De la formule obéie la première, il gardait le souci essentiel des causes physiques ; au roman psychologique, il prenait, en effet, sa psychologie, mais sans rien de ce qu’elle s’impose d’un peu pédantesque. Il lui prenait aussi toutefois sa tristesse. Édouard Rod passa longtemps pour un pessimiste ; on en croyait le sens littéral de son titre : La Course à la Mort, et aussi, d’ailleurs, le ton-même du livre. Certes, j’espère bien que cette clairvoyante conscience ne sera jamais gaie, puisqu’elle ouvre ses yeux sur l’âme et la vie de ce temps. Voici pourtant le titre de son roman nouveau : Le Sens de la Vie. C’est le héros de la Course à la Mort qui reprend la parole. Il s’est

  1. Dois-je, pour les prosateurs, répéter l’observation déjà faite pour les poètes ? D’autres, et d’autres encore, autant que ceux à propos desquels j’insiste davantage, eussent pu me servir d’exemples. Mais il fallait me borner, choisir ; j’ai peut-être joué à croix ou pile.