Page:Moselly - Terres lorraines, 1907.djvu/174

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Il était là, il ne s’en irait plus, elle l’aurait tout entier pour elle.

Gênée d’abord et rougissante, elle avait fait allusion au bouquet mystérieusement apporté. En voilà une façon de surprendre son monde. Et s’il s’était cassé le cou ! si quelqu’un l’avait vu escalader sa fenêtre, quelles histoires le lendemain sur son compte, à elle ! Il fallait être bien imprudent, pour donner ainsi l’occasion de causer aux méchantes langues.

Pierre riait doucement, et ne répondant pas, se contentait de presser la petite main, qu’il tenait dans la sienne.

Elle eut encore une légère ironie, petite vengeance de femme.

— Alors la Renaude ne voulait plus de lui, maintenant qu’il revenait…

Il répondit fermement :

— Si j’ai été avec la Renaude, c’est parce que j’étais vexé, vu que vous m’aviez fermé brutalement la porte au nez.

Et ils rirent de nouveau, en songeant à la figure qu’il faisait, tout droit au milieu de la rue, et cette bonne humeur, dissipant tous les ressentiments, fit plus pour les réconcilier que tout le reste.

— Alors, dit-elle, c’est bien fini, vous me le promettez !

— Oh ! pour ça, c’est sûr, fit Pierre. Écoutez-moi bien : si je vous ai quittée, c’est bien malgré moi. Il y a des moments où je suis comme fou, où je ne sais plus ce que je fais. On dirait que c’est plus fort que moi. Mais j’avais gros cœur au fond, de vous savoir dans la peine. Quand j’ai su que vous étiez si malade, je n’ai