Page:Moselly - Terres lorraines, 1907.djvu/102

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Puis ils s’éloignèrent, les bras noués dans une étreinte voluptueuse.

Marthe se demandait avec effarement si elle n’avait pas rêvé. Elle se leva pour mieux voir : les ombres confondues se détachaient sur le lointain vaporeux de la sente.

Elle retomba sur la dalle de pierre et s’y abîma ; elle y resta longtemps sans bouger, le regard errant à la surface de l’eau brillante où flottaient les cupules de glands. Il se faisait en elle, au milieu du silence, un bruit de choses brisées, un ravage d’espoirs détruits, emportés comme dans un tourbillon, par la certitude de la trahison.

Elle regardait l’eau, vaguement attirée par elle, souhaitant d’y trouver l’oubli, calmée parfois, dans le paroxysme de sa souffrance, par sa mobilité lumineuse qui se prolongeait, sous les branches des coudriers et des charmilles…

L’heure passait.

La lune s’était levée, versant dans les taillis de grandes ombres. La source, roulant sur les cailloux, continuait son chantonnement mélancolique. Marthe se leva lentement, poussant un soupir de résignation, et quand elle s’éloigna, elle jeta un regard sur cette place, ayant la sensation d’y laisser le cadavre de son bonheur.

C’était l’heure où ils se retrouvaient tous les soirs. Une étoile, une seule, tremblait dans le ciel assombri. Les hirondelles, avant de s’endormir, poussaient de