Page:Moselly - Terres lorraines, 1907.djvu/121

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

autre race, plus solide encore et plus résistante, celle des plateaux lorrains, où la plante humaine croît plus forte, nourrie seulement d’eau-de-vie et de pommes de terre.

Dès qu’il aperçut le garde, le vieux charbonnier dit à ses fils :

— Tiens, la voilà encore, cette vieille pratique !

De fait, Jacques Thiriet ne perdait aucune occasion de leur rendre visite, sachant bien qu’il y avait toujours une bouteille d’eau-de-vie mise au frais entre les feuilles, et dont on lui offrait un verre.

Le garde les interrogea.

Pour ça non, ils n’avaient pas vu d’homme passer, avec un fagot vert sur l’épaule. Seulement, ce qu’ils pouvaient dire, c’est que sur le coup de midi, Marquemal était venu rôder aux alentours de la coupe. Il était bien capable de la chose.

Tout en parlant, ils continuaient leur travail : les charbons s’empilaient dans les sacs de grosse toile.

— Halte là, garçons, dit le père. Il fait soif. Si on allait boire un coup ?

Tout le monde se dirigea vers la cabane. Justement le charretier de M. Bernin, un riche marchand de bois de la ville, était arrivé pour faire un chargement : on profiterait de l’occasion pour causer un peu et pour trinquer ensemble.

Le cheval était arrêté à la porte de la cabane, les flancs garnis de pousses feuillues, pour le protéger des taons, qui pullulent sous le bois, à la fin des journées chaudes.

La mère surveillait la cuisson de la soupe ; sur des papiers bleus, étalés sur une bille de chêne, étaient