Page:Moselly - Terres lorraines, 1907.djvu/85

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tion éperdu, implorant le retour de l’aimé et le raffermissement de sa tendresse.

Puis Dorothée choisit une médaille, qu’elle passa au cou de la petite fille.

Comme elle était trop pauvre pour donner un sou au montreur, elle alla couper une large tranche à la miche de pain bis, qu’elle avait tirée de la « maie ».

L’homme la glissa dans le bissac de toile dont l’ouverture béait sur sa poitrine, puis il reprit sa marche, clamant son appel lamentable par la rue, suivi de la meute des chiens attachés à ses pas, aboyant avec plus de rage, chaque fois qu’il se retournait pour les menacer de son bâton.

On parlait mariage, ce jour-là, dans la maison des Thiriet.

On abordait ce sujet de conversation depuis quelque temps, Marthe venant en âge « de s’établir ».

Cet après-dîner du dimanche, toute la famille était réunie autour de l’âtre où flambait un feu de hêtre, un de ces feux d’hiver dont la clarté dansante met une gaieté dans les intérieurs bien clos. Dehors il faisait un froid sec, un grand soleil rougeâtre descendait derrière les peupliers.

Le vieux garde rapprochait sa chaise de la cheminée où croulaient des tisons ardents, il se rôtissait les jambes, et passant dans la flamme ses mains calleuses, il les frottait d’un air de satisfaction.

Il répétait : « Ça pique rudement. Les mortes de la Chalade sont gelées. » Jetant un regard joyeux autour