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Scène II

Guignol — Gnafron

Gnafron. — Entendais-tu ce gone qui attaquait ma réputance, si je ne m’étais pas retenu, je le cabossais.

Guignol. — T’as ben fait de te retiendre.

Gnafron. — Qu’est-ce que c’est que ce gone, et que te voulait-il ?

Guignol. — C’est mon propriéteau, y voulait que je lui lâche de médailles.

Gnafron. — Te lui dois donc ?

Guignol. — Cinq termes à ce qui dit.

Gnafron. — Cinq termes et combien lui as-tu donné ?

Guignol. — Jamais rien.

Gnafron. — Jamais rien, et y vient te demander d’argent, y fait ben voir qu’il a affaire à un petit gone qui n’a pas fait ses étuves, heureusement que je suis là et que je connais le code, tu sauras ma vieille que tous les cinq c’est périmé, et si nous étions chicaneurs, je ne sais pas si nous n’aurions pas le droit d’emporter la maison.

Guignol. — Laissons-lui sa maison à ce vieux t’avare… Gnafron, mes meubles appellent’t’zépaules, faisons un borgnon.

Gnafron. — Guignol, t’as raison, fesons t’un trou à la lune, en avant, ma pauvre vieille, marchassassons.

Guignol. — Et après nous avalerons…

Gnafron. — Un bon gorgeon.

Guignol. — Comme de chenus garçons, ils entrent chez Guignol.

Gnafron, reparait portant un lit. — Il est tout dématé.

Guignol, en dedans. — Gnafron serre ta cravate.

Gnafron. — Porquoi donc !

Guignol, en dedans. — Pour que les bardanes ne t’entrent pas dans le cotivet.

Gnafron. — J’y suis t’habitué, elles vont faire une reconnaissance avec les miennes ; il sort du côté opposé.

Guignol, une paillasse sur le dos. — V’la ma paillasse, c’est là-dessus que je me raffine comme un fromage d’chèvre.

Gnafron. — Ta ben une jaulie fletille ! il entre dans la maison.