Page:Mourguet - Théatre lyonnais de Guignol, tome 2.djvu/210

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tune aux colonies. Il en est revenu avec sa fille Edith, & comme il a été fort éprouvé, il est aussi fort bizarre… Sa fille, dont le visage est toujours couvert d’un voile épais, devait avoir dix-huit ans accomplis le jour où mon fils Léonce en aurait vingt-cinq. Il m’a fait jurer que nous les marierions, sans que ces jeunes gens se soient jamais vus, sans qu’ils se soient jamais parlé… J’ai dû promettre… Aux termes du testament de notre aïeul commun, il faut que tous les cent ans au moins un de Sénanges épouse une de Hautepierre ; à défaut de quoi les deux terres & les deux châteaux vont à la branche collatérale. Le siècle s’est presque écoulé sans que l’union prescrite par notre aïeul ait eu lieu… Il fallait faire le bonheur de nos enfants, bon gré, mal gré… Les consulter, c’était s’exposer à tout perdre… Ils pouvaient se déplaire… Enfin, ma parole est donnée, & la promesse d’un gentilhomme ne doit jamais faillir.


Scène II.

LE MARQUIS, LÉONCE.
LÉONCE.

Mon père, vous n’êtes pas encore équipé. Nous arriverons trop tard ; la chasse sera commencée.

LE MARQUIS.

Cette partie de chasse n’est pas possible, Léonce. Vous