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L’ENVERS DU JOURNALISME

nard venait d’être forcé et où le maître d’équipage ornait la bride de son cheval de la broche.

Martin rentra en ville à cheval, en conquérant.

C’était un assez bon garçon, mais il est permis d’avoir un peu d’amour propre. Il eut aimé pousser une pointe jusqu’au journal, pour se montrer aux camarades dans son rôle de reporter équestre.

Il suivit le conseil de son city editor et il se reposa consciencieusement, l’après-midi.

Le lendemain, il écrivit un compte rendu de la chasse aussi fidèle que s’il l’eût suivie continuellement et que son cheval n’eût pas infligé d’affront à sa vanité de cavalier.

Le lundi, il arrivait, tout rayonnant, et remettait son compte rendu à Lebrun. Celui-ci l’examina et le regarda marcher droit comme un homme qui n’éprouve de douleur nulle part.

Il eut un hochement de tête étonné. « La prochaine fois », dit-il à Martin, avec un grand sérieux, « je vous enverrai en ballon. »