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L’ENVERS DU JOURNALISME

vement poli et son attitude semblait tellement demander l’isolement qu’on insistait pas.

Une couple de reporters s’enquirent du city editor d’où il venait. Il se contenta de leur répondre : « c’est un garçon de grand talent, vous verrez… »

Ce reporter semblait avoir quelque chose à cacher. Par instants, son visage exprimait la frayeur. Chaque fois que la porte s’ouvrait, il tressaillait.

Il devint d’une pâleur effrayante, quand, une après-midi, un garçon passa la tête à travers la porte entrebâillée et dit : « monsieur Martel, il y a quelqu’un qui voudrait vous voir, dans le corridor. »

Il sortit.

Il rentra presqu’immédiatement et alla trouver le city editor, avec lequel il échangea à la hâte quelques paroles, à voix basse, puis il prit son chapeau et sortit de nouveau.

On ne le revit plus à la salle de rédaction.

Comme il n’y avait que deux reporters à la rédaction, lors de son départ, sa disparition passa presqu’inaperçue.

L’oubli se fait facilement autour des absents, même quand ce sont des personnes qu’on aime qui disparaissent. Pourquoi ce serait-on préoccupé d’un étranger, qui ne s’était même pas mêlé à la vie commune de la rédaction, qui n’avait pris part à aucune conversation et qui s’était tenu éloigné des petites intrigues qui s’ourdissent si bien entre « camarades ».

On supposa qu’il avait eu un différend avec le