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L’ENVERS DU JOURNALISME

Il fallait être à la gare à cinq heures et demie, et il était déjà quatre heures.

Muni d’un bon pour le caissier, Martin courut prendre l’argent nécessaire ; il se rendit chez lui, jeta quelques faux-cols et quelques mouchoirs dans son sac de voyage et monta dans le tramway qui conduisait à la gare. Quelques minutes plus tard, il était dans le train, songeant anxieusement à la mission qu’on venait de lui confier, pendant que défilaient par la fenêtre les poteaux de télégraphe et les piquets de clôture, qui couraient en sens inverse du train.

X…ville !

C’est le moment de se rappeler toutes les recommandations que lui avait faites Dorion : « des correspondances le soir, des télégrammes le matin, les portraits des principaux personnages, des détails complets, des articles intéressants. »

Il se fit conduire à l’hôtel et, tout en faisant sa toilette, il mit un peu d’ordre à ses idées.

On donnait une séance « dramatique et musicale », ce soir-là, dans le soubassement de l’église. C’était le commencement des fêtes. Martin s’y rendit, en passant d’abord par le bureau de poste, où il acheta des timbres de livraison spéciale — « special Delivery », — afin d’assurer la réception à bonne heure, le lendemain matin, de la correspondance qu’il se proposait d’envoyer au journal immédiatement après la séance.

La salle était pleine quand il arriva et il eut quelque difficulté à trouver un siège. On jouait une pièce historique quelconque, qui lui sembla interminable. Il en vit arriver la fin avec satisfaction. Il