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L’ENVERS DU JOURNALISME

rigea du côté du quai de la gare. Là se trouvait un escalier conduisant à l’étage inférieur. Il le descendit et il trouva quelques personnes qui regardaient une escouade de pompiers travailler au sauvetage d’un employé cloué à son pupitre par une poutre de fer qui s’était abattue sur lui. — Car, chose singulière, la locomotive avait fait effondrer le quai de la gare à l’endroit par où elle avait pénétré dans l’édifice, sans pourtant enfoncer elle-même au rez-de-chaussée. L’effondrement s’était produit à la seconde qui suivit son passage.

L’homme, qu’on apercevait vaguement dans la demi-obscurité, avait conservé ses sens, en dépit de la torture qu’il endurait, et il suivait stoïquement des yeux le travail de ses sauveteurs, qui couraient eux-mêmes le risque d’être à n’importe quel instant broyés par les lourdes pièces qu’ils cherchaient à soulever.

À quelques pieds plus loin, des morceaux de ciment grands comme le parquet d’une chambre pendaient au bout des rubans d’acier du pavé en ciment armé, défoncé.

Martin avança dans cette direction et il aperçut les vastes corridors des quartiers des immigrants situés sous les voies ferrées aboutissant à la gare. Il fut fort étonné, ne sachant pas qu’il y avait un sous-sol semblable. — C’était donc là qu’on parquait les milliers d’immigrants qui nous apportent l’appoint de leurs énergies, en attendant qu’ils se dispersent aux quatre coins du pays, où les attendent les éblouissements d’un monde nouveau.

Les efforts désespérés des pompiers avaient été