Page:Mousseau - L'envers du journalisme, 1912.djvu/54

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
69
L’ENVERS DU JOURNALISME

— Mais je ne le dérangerai pas, implora Martin, je ne lui dirai que quelques paroles. Je ne voudrais pas du tout prendre tout son temps ni le vôtre. Juste une minute, avant l’arrivée du train à Montréal.

— C’est bien difficile.

— Vous n’avez pas d’objection à ce que j’aille seul à sa rencontre, au moins.

— Vous comprenez que le cardinal sera occupé avec nous et qu’il n’aura pas le temps…

— Enfin, vous ne me le défendez pas ?

— Faites comme vous voudrez.

Martin prit congé.

Comme il s’en allait, l’autre lui dit : « ah ! les journaux anglais ne sont pas en peine comme cela. Ils réussirent toujours, eux. »

Martin savait que celui qui venait de lui refuser la petite faveur qu’il demandait était toute amabilité et toute complaisance pour les journalistes anglais, qu’il les introduisait dans sa sacristie et jusque dans sa cuisine. Il eut envie de dire qu’on ne les traitait pas comme il venait d’être traité et que ce n’était pas étonnant qu’ils eussent du succès, mais il se contint.

De retour au journal, il dit à Dorion que le cardinal arriverait le lendemain matin et passa le reste sous silence.

Il fut convenu que Martin prendrait immédiatement le train pour Vaudreuil, où il attendrait le train du matin venant de New-York, à bord duquel serait le cardinal.