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L’ENVERS DU JOURNALISME

sez d’argent pour posséder des chevaux et des meutes font la chasse à courre.

Justement, on donnait une chasse à Saint-Lambert, — où il y a maintenant plus de lots à bâtir que de renards, — et Lebrun, qui trouvait que la page de sport devenait quelque peu languissante, s’était imaginé que ce serait joli d’envoyer un reporter suivre cette chasse et d’en faire un compte rendu sportif pour le lendemain.

Mais qui envoyer ? c’était la question. Il y avait bien Targut, qui se vantait de s’y connaître dans les choses de l’hippisme, mais quand Lebrun lui parla de suivre cette chasse, il prétexta, pour s’en dispenser, un voyage urgent à Chicago !

Que faire ?… Lebrun songea à Martin.

« Que diriez-vous de suivre une chasse à courre à Saint-Lambert, » lui demanda-t-il ? « Elle aura lieu samedi matin, de sorte que vous aurez toute l’après-midi pour vous reposer et toute la journée du dimanche pour faire votre compte rendu.

— Mais comment suit-on ça, demanda Martin ?

— Tiens ! à cheval.

Martin hésita un peu, ne sachant s’il avait les qualités d’équilibre nécessaires pour une aventure pareille. Il se rappela tout à coup qu’il avait fait de l’équitation, à l’âge de douze ans, — c’est-à-dire quinze ans auparavant, — quand il demeurait à la campagne. Il se sentit curieux de tenter l’expérience et il accepta, sans songer qu’une course à travers champs et par-dessus les clôtures est autre chose qu’une promenade sur un cheval de trait dans un chemin de campagne bien battu.