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lut encore le récompenser par révêché de Lincoln, mais il n’y réussit pas. Suivant Mathieu Paris, « le roi aurait sollicité le doyen et le Chapitre d’élire Pierre pour leur évêque et le pasteur de leurs âmes, lequel devait être manifestement repoussé tant parce qu’il était étranger et ignorait la langue anglaise que parce qu’il avait le mauvais renom d’être l’ennemi le plus félon du royaume. Aussi les chanoines ne voulurent-ils pas obtempérer à la demande du roi, car cet homme que le pouvoir séculier avait investi violemment, comme un intrus, de cet évêché d’Héreford, séjournait dans les pays d’outre-mer (plût à Dieu que ce fut honnêtement) et abandonnait le troupeau après s’être rassasié de son lait, de sa laine et de sa graisse ». Henri de Lexinton, élu par le Chapitre fut confirmé par Boniface, en Gascogne.

Evidemment le moine anglais exagère ici. Pierre d’Aigueblanche, s’il vivait à l’étranger, y suivait le roi ; et s’il parcourait l’Espagne, la France et l’Italie, c’était pour y remplir des missions utiles à l’Angleterre (1).

Pierre de Savoie et Pierre d’Aigueblanche passèrent en Gascogne, sauf, pour celui-ci, le temps de sa mission en Espagne, la seconde moitié de 1253

(1) Mathieu Paris, viii, p. 2, 15, 30. Deux siècles plus tard il y eut en Savoie, et jusque dans la famille du souverain, des sentiments aussi violents contre des étrangers, les Cypriotes, venus dans notre pays à la suite d’Anne de Chypre, femme du duc Louis.