Page:Mullié - Biographie des célébrités militaires des armées de terre et de mer de 1789 à 1850, I.djvu/103

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

au Comité de salut public un mémoire dans lequel il discutait les plans qu’il serait prudent de suivre dans une campagne en Italie, le fit appeler dans un comité où il eut plusieurs conférences avec Sieyès, Letourneur, Jean Debry, après quoi il l’attacha au bureau de la guerre dans lequel on arrêtait les plans de campagne et les mouvements des armées.

Plusieurs biographes ont avancé que Napoléon, mécontent de Letourneur qui avait succédé à Doulcet de Pontécoulant, avait pris la résolution d’aller offrir ses services au Grand-Turc ; cette assertion est mal fondée ; voici la vérité : vers cette époque la guerre avait éclaté entre la Russie et la Porte, et celle-ci paraissait disposée à prendre à son service quelques officiers d’artillerie français. Bonaparte, ennuyé de vivre obscur et inoccupé à Paris, s’était sérieusement décidé à prendre le chemin de Constantinople. À cet effet il eut plusieurs conférences avec M. Reinhard, archiviste des relations extérieures auprès du Comité de salut public, pour obtenir communication des papiers qui avaient pour objet les affaires de Turquie.



3 Storia di Corsica, da F.-O. Renucci, 1833, t. I, p. 474 et 475.


IV. 15 Vendémiaire — Mariage — Armée d’Italie.

La Convention nationale avait décrété la constitution de l’an III, par laquelle le pouvoir exécutif était confié à cinq directeurs, et la législature à deux conseils, dits des Anciens et des Cinq-Cents. Les auteurs de cette constitution avaient prescrit, dans deux lois additionnelles, que les deux tiers des membres de la nouvelle législature seraient pris dans la Convention, de sorte que les Assemblées électorales, ne pourraient nommer pour la première fois que l’autre tiers.

Ces conditions excitèrent l’indignation parmi les quarante-huit sections de la capitale, aigries déjà, exaltées, conduites par des factieux, des hommes inconsidérés, des ambitieux, des royalistes ; il y eut des rassemblements nombreux, et dans plusieurs on se préparait à résister vigoureusement aux prétentions de la Convention. Cette Assemblée ne voyant de salut que dans la force des armes, se déclara en permanence, et le matin du 4 octobre 1795, elle nomma le général de brigade Barras, représentant du peuple, chef de la force armée de Paris et de l’intérieur.

Barras, prévoyant les difficultés qu’il aurait à vaincre, et l’immense responsabilité qui allait peser sur sa tête, se rappelle l’artilleur qui avait tant contribué à la prise de Toulon, fait appeler Bonaparte et se l’adjoint en qualité de général de division. En acceptant cette position, Bonaparte dit au représentant : Je vous préviens que si je tire l’épée, elle ne rentrera dans le fourreau que quand l’ordre sera rétabli… Ne perdons pas de temps, les minutes en ce moment sont des heures.

Le 5 octobre 1795, à six heures du matin, il fit ses dispositions d’attaque contre les sectionnaires ; en même temps, il expédia le chef d’escadron Murat, avec 300 cavaliers, pour ramener de la plaine des Sablons dans le jardin des Tuileries, un parc de 40 bouches à feu. Murat réussit complètement, grâce à cette politesse de sabre, qui, suivant Napoléon, manque rarement son effet sur des hommes civils.

Tout fut balayé par le canon chargé à poudre et par la baïonnette ; le soir du lendemain, Paris était parfaitement tranquille. Le 40 du même mois, la Convention, sur la proposition de Barras, confirma la nomination de Bonaparte au grade de général en second de l’armée de l’intérieur ; six jours après, il fut nommé général de division.