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Le 26 octobre, Barras ayant donné sa démission de général en chef de l’armée de l’intérieur, le Comité de salut public nomma Bonaparte pour le remplacer.

Le 26 février 1796, sur la proposition de Carnot, le Directoire, dont il était membre, nomma le général en chef de l’armée de l’intérieur commandant en chef de celle d’Italie. Le bruit à longtemps couru, et il court encore, qu’il dut principalement cette faveur à l’influence du directeur Barras. Une lettre qu’on attribue à Mme veuve de Beauharnais (Joséphine), et qu’elle écrivait à une de ses amies peu de temps avant son mariage avec Bonaparte, donne à entendre que Barras, en effet, était disposé à faire obtenir à son futur époux le commandement en chef de l’armée d’Italie.

Quand il apprit sa nomination de la bouche de Joséphine, à qui Barras avait eu la galanterie de l’annoncer, il s’écria, dit-on : J’y perdrai la tête ou l’on me reverra plus haut qu’on ne s’y attend.

Cependant il faisait assidûment sa cour à Joséphine, qu’il voyait souvent dans les maisons qu’il fréquentait, et notamment chez le directeur Barras, qui faisait en grand seigneur, à Chaillot, les honneurs de la République.

Le 9 mars 1796, l’acte de mariage de Napoléon et de Marie-Joséphine-Rose de Tascher fut passé à dix heures du soir par le maire du deuxième arrondissement. Ce magistrat sommeillait quand le futur époux entra dans la salle ; le général alla droit à lui, et le frappant vivement sur l’épaule, il lui dit avec impatience : Allons donc, monsieur le maire, réveillez-vous, et venez vite nous marier. C’était bien là les procédés d’un homme né pour commander aux autres et qui voulait être obéi tout de suite.

Il n’y eut pas de cérémonie religieuse. En sortant de la municipalité, les nouveaux mariés allèrent loger chez madame Fanny, comtesse de Bauharnais, tante de Joséphine, qui habitait un hôtel situé rue Chantereine, 6.

Deux jours après, le général partit en poste de Paris avec son aide-de-camp Junot et l’ordonnateur en chef Chauvet, pour le quartier général de l’armée d’Italie, dont il était encore peu connu, et dans laquelle il avait fait, un an auparavant, sa première campagne sous des officiers supérieurs qui devaient maintenant obéir à ses ordres. En arrivant à Nice, il remplaça le général en chef Schérer qui venait de s’illustrer par sa victoire de Vado, et les commandants supérieurs Augereau, Masséna, Laharpe, devinrent ses lieutenants.

Le moral de l’armée française était excellent, elle avait déjà remporté des victoires, mais elle manquait de tout, d’argent, de vivres, d’artillerie, d’habits ; la discipline s’était relâchée sous une administration mal organisée et sans vigueur. L’armée ennemie, au contraire, avait en sa faveur le nombre, l’abondance, l’avantage des positions. Bonaparte qui connaît fort bien le caractère des soldats qu’il va commander, leur parle ainsi : ’‘Camarades, voilà bientôt quatre ans que vous pâtissez dans les gorges stériles de la Ligurie. Jetez les yeux sur les campagnes fertiles qui se développent à vos pieds, elles seront bientôt à vous : la victoire vous les promet ; allons en prendre possession, et l’abondance succédera aux misères qui vous affligent. Ces paroles prophétiques électrisent les soldats, et leur inspirent pour leur nouveau chef une confiance sans bornes.


V. Campagne d’Italie. — Rastadt. — Dispositions militaires.

La principale difficulté de la campagne consistait dans la disjonction des armées