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faute de ses adversaires : il quitte brusquement le siège de Mantoue, et laisse devant la place sa grosse artillerie, concentre ses troupes à Roverbello, tombe sur Quasdanowich, le bat successivement à Salo et Lonato, et le force à se réfugier dans les montagnes du Tyrol. Cet heureux succès obtenu, il court sur Wurmser, le bat complètement à Castiglione, passe le Mincio en sa présence et le rejette dans le pays de Trente.

Ces divers combats, qui durèrent de puis le 1er jusqu’au 5 août, et que, pour cela, les Français appelèrent la bataille des cinq jours, coûtèrent à l’Autriche plus de 20.000 hommes et 50 pièces de canon.

Bonaparte, après ses avantages, se met à la poursuite de Quasdanowich, l’atteint, le bat à Serra-Valla, Ponte-San-Marco. Roveredo, et dans les gorges de Caliano.

Cependant Wurmser avait repris le chemin de Mantoue, et son armée filait par les gorges de Brenta. Bonaparte, qui a prévu ce mouvement, abandonne le Tyrol et va se montrer aux Autrichiens à Bassano, aux gorges de Primolano, au fort de Cavalo. Néanmoins Wurmser, séparé encore une fois du corps de Gnosdanovich, trouve enfin le moyen d’entrer dans Mantoue. Cette place, dont la garnison vient de recevoir un renfort si considérable, semble pouvoir soutenir victorieusement les attaques des assiégeants, d’autant plus qu’une nouvelle armée arrivait pour la secourir. L’Autriche, victorieuse sur le Rhin, résolut de reprendre à tout prix les possessions qu’elle avait perdue en Italie et de faire lever le siège de Mantoue. Alvinzi, général expérimenté, est chargé d’aller faire cette conquête à la tête de 45.000 hommes. Ce général commet la même faute que Wurmser : il partage ses forces : il laisse 15.000 hommes à Davidowich, avec ordre de descendre les vallées de l’Adige, et lui-même se dirige sur Mantoue, par le Véronnais, avec 30.000 hommes.

Dans ce moment, le général français, affaibli par les combats et les garnisons qu’il a dû laisser dans les forteresses qu’il a prises, ne peut disposer que de 33.000 hommes ; mais, par la hardiesse de ses mouvements, par les savantes dispositions qu’il sait prendre à propos, il supplée avantageusement à l’insuffisance de ses moyens.

Au moment où l’on s’y attend le moins, il abandonne le blocus, place 3.000 hommes à Vérone, se porte rapidement sur Ronco, jette un pont sur l’Adige, le traverse avec l’armée, et prend le chemin d’Arcole, lieu devenu célèbre à jamais par l’action meurtrière que les deux armées se livrèrent dans ses environs. Une chaussée étroite conduisait au port ; Bonaparte ordonne de marcher sur la chaussée et d’aller forcer le passage du pont ; mais sa colonne de grenadiers, prise en flanc par le feu de l’ennemi, s’arrête ; Bonaparte descend de cheval, saisit un drapeau et le jette sur le pont en s’écriant : Soldats ! n’êtes-vous plus les braves de Lodi ? suivez-moi ! Le feu des Autrichiens devient si terrible que les troupes refusent d’avancer : l’attaque n’eut point de succès.

Désespérant de réussir sur ce point, il prend la résolution de retourner à Ronco et dérobe sa marche à Alvinzi. Il fait allumer desfeuxsur la chaussée d’Arcole, et, le lendemain, il se trouve libre de livrer bataille à celui des trois corps autrichiens qu’il lui plaira ; il choisit le plus fort, celui d’Alvinzi, qu’il repousse au delà de Vicence, après lui avoir tué 5.000 hommes, fait 8.000 prisonniers, et pris 30 pièces de canon. Le lendemain, ce fut le tour de Davidowich, qu’il a obligé de se réfugier dans le Tyrol, et Wurmser qui commande le troisième corps, n’a que le temps de rentrer dans Mantoue, où il