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la guerre sainte. D’importants personnages étaient à la tête de la ligue, et entre autres, le frère d’Abd-el-Kader, Sidi-Mustapha, ancien kaïd des Flittas. Grâce à l’énergie de l’émir, grâce surtout à l’appui des Français, cette révolte fut bientôt complètement écrasée, anéantie.

Abd-el-Kader cherchait depuis longtemps à sortir de sa province, un incident lui en donna l’occasion. Un chéliff, nommé Hadji-Mouça, prétendait avoir trouvé le moyen d’empêcher les canons et les fusils des infidèles de partir. Le peuple ajouta foi à ses paroles. Mouça, à la tête des fanatiques, s’empara de Medeah et de Milianah, mais Abd-el-Kader l’attaqua et le défit entièrement. Il lui prit 200 hommes, 95 femmes, et il coupa 50 têtes qu’il envoya à Mascara.

L’émir, en passant le Chéliff, avait violé les conventions. Néanmoins, vu le service qu’il venait de rendre, on lui, laissa établir Hadj-el-S’ahit kalifat de Medeah, et réclamer Yachour (dîme). Seulement, le comte d’Erlon, gouverneur général, envoya auprès de l’émir un officier d’état-major chargé de le tenir au courant de toutes les entreprises. L’officier ne sachant pas un mot d’arabe, ne faisait guère ombrage à Abd-el-Kader, qui lui donnait facilement le change.

Le remplacement du général Desmichels par le général Trézel fut le commencement des hostilités. Le premier soin du nouveau gouverneur fut de travailler à détacher les tribus les plus puissantes de la cause de l’émir. Les Douayers et les Smela se déclarèrent sujets de la France, sous la condition d’une protection efficace. Le comte d’Erlon refusa de sanctionner cette mesure, et Abd-el-Kader, instruit des dissentiments qui existaient entre les généraux, persécuta les tribus soumises : celles-ci s’adressent au général Trézel, qui leur répond : « la parole d’un général français est sacrée ; dans une heure, je serai au milieu de vous. »

Et sans hésiter, il sort d’Oran à la tête d’une armée, malheureusement trop faible, le 26 juin 1835. Il livre dans la forêt de Mousa-Ismaël un brillant combat, où le colonel Oudinot trouva une mort glorieuse. Pendant plusieurs jours une colonne de deux mille et quelques cents hommes luttèrent contre quinze mille Arabes. Nous perdîmes près de 800 hommes dont 15 officiers. Dans aucun combat l’émir n’avait perdu autant de monde.

A la fin de 1835, le maréchal Clausel marcha sur Mascara à la tête de onze mille hommes. Le duc d’Orléans se distingua par sa bravoure dans cette expédition. Les troupes de l’émir, battues au Sig, à l’Abra, à la Tafna, à Idbar, se dispersèrent et le laissèrent presque seul.

Abd-el-Kader ne tarda pas à se faire de nouveaux partisans et à rappeler à lui les tribus qui l’avaient abandonné. Ayant appris le peu de succès de notre première expédition de Constantine, il crut le moment propice pour commencer les hostilités dans la province d’Oran ; il sut bientôt que le général Bugeaud devait marcher contre lui ; mais ce général, éprouvant quelques difficultés dans les moyens de transport, et voulant restreindre les hostilités à la province de Constantine, _ qui allait être le théâtre d’une seconde expédition, fit en 1837, avec l’émir, le traité de la Tafna, qui nous créa par la suite des difficultés. Les critiques experts dirent que cette convention rendait l’émir maître de l’ancienne régence d’Alger, moins la province de Constantine ; que dans chacun des articles on le traite d’égal à égal, et on reconnaît sa souveraineté indépendante ;