Page:Mullié - Biographie des célébrités militaires des armées de terre et de mer de 1789 à 1850, I.djvu/137

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

tout dépècement du pouvoir ; — donnons pour garant de notre fidélité à César, notre fidélité à Dieu ; — ne cessons de le dire, le doigt de Dieu est ici ; — nouveau Mathathias, Bonaparte parut dans l’Assemblée du peuple, envoyé par le Seigneur (au 18 brumaire)… » Il est étrange, pour ne pas dire plus, de trouver de telles paroles dans la bouche de prélats qui savent et qui doivent apprendre aux hommes combien sont futiles les grandeurs de ce monde.

Louis XVIII, quoique banni et sans appui, protesta contre l’avènement de Bonaparte au trône.

Le 10 juin conmmence le procès du général Moreau et de ses coaccusés. Dès le 28 février précédent, un sénatus-consulte avait suspendu pour deux ans les fonctions du jury dans les jugements pour crimes d’attentat contre la personne du premier Consul.

Moreau excite le plus vif intérêt dans toutes les classes de la société, tant civiles que militaires. Le public croit voir dans Bonaparte un ennemi mortel du vainqueur de Hohenlinden ; c’est un rival dont il veut se défaire à tout prix, répète-t-on de toutes parts : et cependant Moreau avait conspiré !

Moreau est condamné à deux ans de détention ; mais le gouvernement, d’après le conseil et les instances de Fouché, convertit la peine en exil, avec la faculté de vendre ses biens, qui furent estimés 800.000 francs. Moreau se rétira en Amérique.

Le 14 juillet 1804, jour anniversaire de la prise de la Bastille, a lieu dans l’église des Invalides l’inauguration de l’ordre de la Légion d’honneur. Les dignitaires prêtent serment entre les mains de l’Empereur. Par décret impérial du 16 du même mois, l’École polytechnique reçoit une nouvelle organisation ; dorénavant les élèves seront casernes et soumis à la même discipline que les régiments.

L’Empereur reprend avec une ardeur nouvelle ses projets d’invasion en Angleterre et les préparatifs qu’il avait déjà faits pour cette expédition : dans quelques mois une flottille de plus de 2.000 petits vaisseaux, montés par 16.000 marins, sera en état de transporter, sur les côtes de la Grande-Bretagne, une armée de 160.000 fantassins et de 9.000 chevaux. On sait que tous ces armements restèrent sans effet direct.

Napoléon n’avait plus rien à demander aux hommes pour se croire aussi solidement assis sur le trône de France que le prince le plus légitime ; mais à l’exemple des rois, ses prédécesseurs, il voulut appeler sur lui la protection du ciel ; ainsi donc le pontife de Rome, Pie VII, à la sollicitation du nouvel Empereur, passa les monts et vint à Paris verser l’huile sainte sur sa tête. En 754, le pape Étienne III s’était aussi rendu en France pour y sacrer Pépin le Bref, la reine sa femme et leurs deux enfants, Charles (Charlemagne) et Carlornan.

Le couronnement et le sacre de Napoléon et de sa femme Joséphine se fit à Paris dans l’église cathédrale le 2 décembre 1804, rien ne fut épargné pour donner à cette solennité toute la pompe, tout l’éclat dont elle était susceptible, et que réclamait la circonstance. Le splendidc appareil déployé dans ce grand jour rappelait les magnificences de l’ancienne cour, s’il ne les surpassait. Napoléon était éblouissant de pierreries ; sa voiture, tout en glaces, était surmontée d’une immense couronne, et chargée devant et derrière d’un grand nombre de pages, chamarrés de la livrée impériale.

Le pape fit trois onctions à l’Empereur, une sur la tête et deux sur les mains ; en même temps, il récitait une prière dans laquelle il faisait mention