Page:Mullié - Biographie des célébrités militaires des armées de terre et de mer de 1789 à 1850, I.djvu/143

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possibles. Le roi Louis s’est fait Hollandais ; il aime son peuple, veut son bonheur et non sa ruine ; il lui permettra donc, en dépit des menaces de son frère tout puissant, d’avoir des rapports d’intérêts avec la Grande-Bretagne. De là des altercations, des reproches amers. Louis, se voyant dans l’impossibilité de gouverner son État suivant les vœux de son cœur, quitte spontanément le trône sur lequel il était monté par complaisance, sinon avec répugnance. Napoléon, dans sa colère, fait rendre un sénatus-consulte dit organique (13 décembre 1810), qui porte que la Hollande, les villes anséatiques, le Lauenbourg, tous les pays situés entre la mer du Nord et une ligne tirée depuis le confluent de la Lippe avec le Rhin, jusqu’à Halteren, etc., etc., font partie intégrante de l’Empire français ; lesdits pays formeront dix départements. Un autre sénatus-consulte de la même époque déclare le Valais réuni à l’Empire ; ce pays formera un département : « La réunion du Valais, » dit l’Empereur au Sénat, « est une conséquence prévue des travaux que je fais faire depuis dix ans dans cette partie des Alpes. »

Après avoir reçu ces divers accroissements, l’Empire français s’étend de la Baltique au Garigliano, de l’Adriatique à l’Océan ; il contient 13 degrés de latitude et 24 de longitude ; sa surface équivaut à 36.000 lieues carrées et comprend 130 départements, sur lesquels vit une population d’environ 42 millions d’habitants. On trouve dans le rapport du sénateur Sémonville : « Enfin, après dix ans d’une lutte glorieuse pour la France, le génie le plus extraordinaire qu’ait produit le monde, réunit dans ses mains triomphantes les débris de l’empire de Charlemagne. »

Ces agrégations forcées de peuples si différents de mœurs, de coutumes, de cultes, ne formeront jamais une nation compacte : dans moins de quatre ans, les nouveaux réunis se montreront ouvertement, et les armes à la main, les ennemis de l’Empire et de son fondateur.

Le 20 mars 1811, les vœux de Napoléon sont comblés ; Marie-Louise le rend père d’un héritier qu’il a tant désiré : car c’est pour l’obtenir qu’il a divorcé avec Joséphine. Le jeune prince reçoit, dès sa naissance, le titre pompeux de Roi de Rome. Le clergé et tous les corps de l’État saluèrent le berceau du nouveau-né par des discours et des harangues dont la flatterie, quoique exagérée, n’avait pourtant rien d’extraordinaire dans cette circonstance.

« L’amour paternel achèvera de révéler tout ce que Dieu a mis de sensibilité et de bonté dans l’âme de Napoléon le Grand. » (Cardinal Maury.)

« Telle est la destinée de notre Empereur, que la Providence, après avoir tant fait pour sa gloire, veut encore tout faire pour son bonheur, et qu’après l’avoir rendu le plus grand des héros, elle veut encore en faire le plus heureux des époux et des pères. » (Évêque de Troyes.)

« Vos peuples saluent par d’unanimes acclamations ce nouvel astre qui vient de se lever sur l’horizon de la France, et dont le premier rayon dissipe jusqu’aux dernières ombres des ténèbres de l’avenir. La Providence, Sire, veut apprendre au monde qu’il naîtra de vous une race de héros non moins durable que la gloire de votre nom et les institutions de votre génie. » (Le Sénat.)

Le 26 janvier 1812, la Catalogne, formée en quatre départements, est réunie à la France.

Le 13 mars suivant, un sénatus-consulte divise en trois bans tous les sujets dé l’Empire qui sont en état de porter