Page:Mullié - Biographie des célébrités militaires des armées de terre et de mer de 1789 à 1850, I.djvu/145

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Pologne sera glorieuse aux armées françaises comme la première. »

L’armée impériale la plus formidable que Napoléon eût mise sur pied, comptait 500.000 combattants et 2.200 bouches à feu. À cette époque, l’Empereur des Français commandait, directement ou par ses alliés, à quatre-vingt cinq millions cinq cent mille Européens ; ses ordres s’exécutaient dans un espace qui comprenait 19 degrés de latitude et 30 de longitude. Aucun des empereurs romains n’eut à sa disposition des forces aussi extraordinaires. Sans la rigueur des éléments, la campagne de Russie aurait infailliblement réussi, et, dans ce cas, c’en était fait de la puissance de l’Angleterre.

Le quartier général de l’armée française passe le Niémen vis-à-vis Kowno. L’armée se compose de dix corps commandés, le premier par le maréchal Davoût, le deuxième par le maréchal Oudinot, le troisième par Ney, le quatrième, sous le nom d’armée d’Italie, par le prince Eugène, le cinquième par Poniatowski, le sixième par Gouvion-Saint-Cyr, le septième par le général Régnier, le huitième par le général Junot, le neuvième, dont les cadres seuls sont formés, par le maréchal Victor, le dixième par le maréchal Macdonald. La vieille garde est commandée par le maréchal Lefebvre, la jeune par le maréchal Mortier, la réserve de cavalerie par Murat. La cavalerie de la garde agit à part. Un corps auxiliaire de 30.000 Autrichiens marche séparément. Dans cette nombreuse armée, les Français figurent pour 270.000 combattants. L’armée russe est forte, tant infanterie que cavalerie, de 360.000 hommes, sans compter deux corps qui se forment, l’un en Lithuanie et l’autre à Riga.

Les troupes françaises font leur entrée à Wilna, ancienne capitale de la Lithuanie. Les Russes, en se retirant, détruisent tout ; ils livrent aux flammes d’immenses magasins, 150.000 quintaux de farine, des fourrages, des habillements ; ils jettent dans la Wilna une grande quantité d’armes.

Le 14 juillet, l’empereur Alexandre se montre à Moscou pour exciter le zèle et le courage de ses habitants. À cette occasion, le métropolitain Platow, âgé de cent dix ans, lui fait don de l’image de saint Serge et lui dit : « La ville de Moscou, la première, capitale de l’empire, la nouvelle Jérusalem, reçoit son Christ comme une mère dans les bras de ses fils zélés, et à travers le brouillard qui s’élève, prévoyant la gloire brillante de sa puissance, elle chante dans son transport : Hosanna ! Béni soit celui qui aime ! que l’arrogant, l’effronté Goliath apporte des limites de la France l’effroi mortel aux confins de la Russie ! la pacifique religion, cette fronde du David russe, abattra soudain la tête de son sanguinaire orgueil ! Cette image de saint Serge, antique défenseur du bonheur de notre patrie, est offerte à votre majesté impériale… »

Le 28 juillet, les Français entrent à Witepsk. Les Russes continuent à se replier. Notre armée les suit sans qu’ils lui offrent l’occasion de combattre. Enfin, on arrive sous les murs de Smolensk, ville russe, entourée de murailles de trois mètres d’épaisseur, flanquée de tours. À ces fortifications fort massives, on venait d’ajouter d’autres ouvrages exécutés avec soin et bien entendus. Barklay de Tolly avait jeté dans la place 30.000 hommes, et il se tenait en bataille sur les deux rives du Dniéper, communiquant avec la ville par des ponts.

Le 17, à une heure de l’après-midi, Napoléon donne le signal de l’attaque. Les faubourgs, retranchés et défendus par la grosse artillerie, sont enlevés ; les remparts, ainsi que les masses postées sur la rivière, sont foudroyés. L’ennemi,