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des ennemis de son bienfaiteur et de son beau-frère.

Napoléon avait donc à combattre, au midi, l’Espagne et le Portugal ; à l’ouest, l’Angleterre soutenue par son puissant auxiliaire l’Océan ; au nord, la Suède avec Bernadotte, la Russie, la Prusse ; à l’est, l’Autriche déjà chancelante, et partout la haine des nombreuses populations qu’il avait foulées. Il avait des ennemis dans le centre même de son Empire ; la conscription était devenue insupportable, et la tentative de Malet avait ravivé les espérances des républicains.

L’Empereur partit de Paris le 15 avril, et le 29 il se trouvait à son quartier général d’Eckartzberg. Il avait imprimé sur sa route un mouvement électrique à la jeune armée à laquelle il avait parlé partout où il l’avait rencontrée. Au milieu de ses préparatifs de guerre, il se montrait toujours disposé à faire la paix ; le duc de Vicence fut chargé d’en suivre les négociations à Vienne.

Les forces des Français en Allemagne sont de 146.000 fantassins, divisé en 12 corps, plus 16.000 de garde impériale et 4.000 chevaux.

Les ennemis comptent 225.000 hommes, dont 125.000 Russes et 100.000 Prussiens.

À la suite de deux combats qui furent livrés à Weissenfeld et au défilé de Rippach, où les jeunes soldats, soutenus par l’Empereur en personne, firent des merveilles, l’armée s’empara de Lutzen et de tous les débouchés de la Saale.

Le 2 mai, l’Empereur remporta la victoire de Gross-Gœrschen qu’il appela de Lutzen, en mémoire, sans doute, du fameux roi de Suède Gustave-Adolphe, dont le tombeau est dans cette ville. L’armée ennemie, commandée par le général en chef Wittgenstein, combattait sous les yeux d’Alexandre et du roi de Prusse. Napoléon avait sous ses ordres le prince Eugène, les maréchaux Ney, Mortier, Macdonald, Marmont ; les généraux Compans, Ricard. Il ne s’attendait pas à être attaqué ce jour-là, ni dans cette position ; il était déjà en marche sur Leipzig, lorsqu’il apprit que le maréchal Ney avait devant lui toute l’armée alliée ; rebrousser chemin au galop et changer les dispositions qu’il avait arrêtées, fut l’affaire d’un moment ; il fait des prodiges pour arrêter la fougue des Prussiens ; ses jeunes soldats, animés par sa présence, se battent comme des lions ; des deux côtés l’acharnement est le même pendant plus de quatre heures ; alors viennent se mettre en ligne le maréchal Macdonald et le général Bertrand, à la tête de leur corps. Napoléon saisit ce moment favorable pour forcer la victoire à se décider, en sa faveur. Une batterie de 80 pièces foudroie la position de Kaya, d’où dépend le gain de la bataille, pendant que 16 bataillons de la jeune garde, soutenus par 6 bataillons de leurs aînés, sont lancés en avant et joignent leurs efforts à ceux de l’infanterie de ligne ; dès ce moment, le sort de la journée est décidé.

Cette bataille fut extrêmement meurtrière ; les villages de Kaya, de Gross-Gœrschen furent pris et repris plusieurs fois à la baïonnette. L’armée française tira 40.000 coups de canon ; elle accusa une grande perte en tués ou blessés. Ou estime celle des alliés de 20 à 25.000 hommes.

Un succès si chèrement acheté fut sans résultats de quelque importance. Faute de cavalerie, le vainqueur se trouva dans la nécessité de laisser l’ennemi opérer tranquillement sa retraite et en bon ordre, protégé qu’il était par son excellente et nombreuse cavalerie, ravageant tout ce qu’il trouvait sur son passage.

L’ennemi, toujours poursuivi par Napoléon,