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Tarente, et marche avec sa garde sur la capitale de la Saxe, dans laquelle il arrive le 26, à dix heures du matin ; il était temps : plusieurs ouvrages venaient d’être enlevés dans les faubourgs, l’ennemi allait donner l’assaut. Napoléon prend l’offensive, l’attaque dans les faubourgs et le rejette au loin avec une perte de 4.000 hommes. Il combattit ce jour-là avec 65.000 hommes contre 180.000. Dans la soirée, il reçut un renfort de 45.000 hommes ; et, le lendemain 27, à la pointe du jour, à la tête de 110.000 hommes, il offre le combat à 180.000 coalisés, les repousse, les désunit et les force à la retraite avec une perte de 15.000 tués et autant de prisonniers, presque tous Autrichiens. C’est dans cette affaire que Moreau eut les deux jambes coupées par un boulet pendant qu’il s’entretenait avec l’empereur Alexandre. La justice de Dieu est quelquefois terrible !

Les revers des alliés sons les murs de Dresde étaient compensés par la victoire qu’ils avaient remportée le 26 à Katzbach sur le maréchal Macdonald. Cette bataille coûta aux Français 15.000 prisonniers. La perte de l’ennemi ne fut guère moins forte ; mais il lui était si facile de la réparer. Le duc de Reggio s’était fait battre par Bernadotte à Grossbe-herren et Ahrensdorf, près de Berlin. Le général Vandamme qui avait reçu l’ordre d’occuper et de tenir les défilés de la Bohême, se lança imprudemment à la poursuite d’un corps russe qu’il avait battu à Pirna, descendit sur Culm avec 10 bataillons ; enveloppé tout à coup par 70.000 hommes, fait prisonnier avec 7.000 des siens, il laisse 3.000 morts sur le champ de bataille.

Napoléon, voulant toujours se rendre maître de Berlin, ordonne au maréchal Ney de s’y porter, après avoir réuni à son corps celui du maréchal Oudinot, avec ceux des généraux Régnier et Bertrand. Ney, défait par Bernadotte, perd, avec les deux tiers de son artillerie, ses munitions, ses bagages et plus de 12.000 hommes.

Dès ce moment, les pertes qu’ont éprouvées les deux partis sont à peu près compensées ; les succès de Lutzen, Bautzen, Dresde ne font plus illusion. Néanmoins Napoléon, au lieu de commencer d’opérer sa retraite vers le Rhin, toujours persuadé que sa fortune et son génie le feront triompher de tous les obstacles, s’obstine à rester dans le cœur de la Saxe. Cependant des corps de partisans se forment de tous côtés ; les sociétés secrètes agissent avec zèle et activité, presqu’à découvert. Les États du roi Jérôme sont à la merci des Russes ; des Saxons, des Westphaliens viennent de passer à l’ennemi ; une forte armée bavaroise fait sa jonction à Braunau avec un corps autrichien. Le roi de Wurtemberg apprit cette défection à l’Empereur, et en même temps il lui annonçait la sienne.

Napoléon, las d’une guerre de chicane, et voulant en finir par une grande bataille, se porte sur Leipzig à la rencontre de Schwartzenberg ; il arrive dans cette ville le 15 octobre. Le 18 et le 19 du même mois est livrée cette fameuse bataille de Leipzig. L’année de Napoléon était de 157.000 hommes, avec 600 pièces de canon. Les coalisés comptaient 348.000 combattants, avec une"artillerie de 950 à 1.000 bouches à feu. Un demi-million d’hommes, rassemblés sur un espace de trois à quatre lieues carrées s’attaquent, se repoussent, se mitraillent, s’égorgent de près avec une fureur extrême.

Les soldats français luttaient avec le plus grand courage contre la supériorité numérique de leurs adversaires, lorsque les auxiliaires Saxons et Wurtembergeois passent à l’armée de Bernadotte et tournent