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Le secrétaire général du Conseil d’État,

« Baron LOCRÉ. »

Malgré la déclaration de Vienne, du 13 mars, et le traité du 23, Napoléon n’avait pas désespéré d’amener les alliés ou du moins quelques-uns d’entre eux à un accommodement : en conséquence il adressa, le 4 avril, la lettre suivante aux souverains :

« Monsieur mon frère,

« Vous aurez appris, dans le cours du mois dernier, mon retour sur les côtes de France, mon entrée à Paris, et le départ de la famille des Bourbons. La véritable nature de ces événements doit maintenant être connue de Votre Majesté. Ils sont l’ouvrage d’une irrésistible puissance, l’ouvrage de la volonté unanime d’une grande nation qui connaît ses devoirs et ses droits. La dynastie que la force avait rendue au peuple français n’était plus faite pour lui ; les Bourbons n’ont voulu s’associer ni à ses sentiments, ni à ses mœurs ; la France a dû se séparer d’eux. Sa voix appelait un libérateur. L’attente, qui m’avait décidé au plus grand des sacrifices avait été trompée ; je suis venu, et du point où j’ai touché le rivage, l’amour de mes peuples m’a porté jusqu’au sein de ma capitale. Le premier besoin de mon cœur est de payer tant d’affection par le maintien d’une honorable tranquillité. Le rétablissement du trône impérial était nécessaire au bonheur des Français. Ma plus douce pensée est de le rendre en même temps utile au repos de l’Europe. Assez de gloire a illustré tour à tour les drapeaux de diverses nations ; les vicissitudes du sort ont assez fait succéder de grands revers à de grands succès. Une plus belle arène est aujourd’hui ouverte aux souverains, et je suis le premier à y descendre. Après avoir présenté au monde le spectacle de grands combats, il sera plus doux de ne connaître désormais d’autre rivalité que celle des avantages de la paix, d’autre lutte que la lutte sainte de la félicité des peuples. La France se plaît à proclamer avec franchise ce noble but de tous ses buts. Jalouse de son indépendance, le principe invariable de sa politique sera le respect le plus absolu pour l’indépendance des autres nations. Si tels sont, comme j’en ai l’heureuse confiance, les sentiments personnels de Votre Majesté, le calme général est assuré pour longtemps, et la justice, assise aux confins des divers États, suffira pour en garder les frontières.

« Je saisis avec empressement, etc., etc. »

Les alliés inébranlables dans la résolution qu’ils avaient prise, gardèrent le silence sur cette lettre. Qu’auraient-ils pu répondre à des sentiments si dignement exprimés ?

Napoléon ne dut plus voir d’autre salut pour lui que dans la guerre. Il s’y était déjà préparé. Depuis son retour,