Page:Mullié - Biographie des célébrités militaires des armées de terre et de mer de 1789 à 1850, I.djvu/302

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

299 )

CHA


Janina, dont l’air salubre lui rendit bientôt l’usage de la vue. Le fameux Ali voulut le retenir à son service ; mais Charbonnel trouva moyen de s’évader et aborda à Corfou. Le gouverneur turc l’y fit arrêter et conduire à Constanti-nople, d’où il regagna la France après quatre mois de détention.

Il fut nommé aussitôt colonel du 6e régiment d’artillerie légère, et fit la campagne de 1805 ; il passa l’année suivante en Prusse et se distingua à Iéna au passage de l’Oder,"de la Vislule, de la Nar-rew, du Bug. Partout il donna des preuves d’habileté et de courage.

Nommé général de division à la suite des sages mesures qu’il sut prendre après la retraite de Moscou, il prit part aux batailles de Lulzen, de Baulzen, et combattit sur le Bober, à Gorlitz et à Leipzig.

Il fit ensuite la campagne de France et, à l’avènement des Bourbons, il devint inspecteur général d’artillerie pour le service des forges et des fonderies. Plus tard il fut nommé à la présidence de la commission mixte à laquelle fut confiée l’étude de l’approvisionnement de nos places de guerre, et des moyens à créer sur nos frontières pour un système offensif et défensif ; en 1840, il fut placé dans la seconde section du cadre de réserve. Il fut élevé à la pairie le 22 décembre 1841.

Mort le 10 mars 1846 à l’âge de 71 ans.

Son nom figure sur le côté Ouest de l’arc de triomphe de l’Étoile.

CHARLES (CHARLES-LOUIS-JEAN-JOSEPH-LAURENT, le prince)

archiduc d’Autriche, feld-maréchal-général, grand maître de l’Ordre teutonique, etc., troisième fils de l’empereur Léopold II et de Marie-Louise, fille de Charles III, roi d’Espagne, naquit à Vienne le 5 septembre 1771. Il reçut de bonne heure une éducation distinguée qu’il fortifia sans relâche par de sérieuses études. Le maréchal de Bellegarde lui enseigna les premiers éléments de la stratégie. Les événements qui agitaient l’Europe offrirent bientôt au jeune prince l’occasion d’en faire l’application sur les champs de bataille.

L’Autriche et la Prusse venaient de former la première coalition contre la France. A peine âgé de 21 ans, le prince Charles reçut le commandement de l’avant-garde de l’armée autrichienne sous les ordres du prince de Cobourg. Il se distingua par son courage dans cette première campagne, notamment à la bataille de Nerwinden, où il cueillit les premiers lauriers militaires. L’empereur François le nomma grand-croix de Marie-Thérèse et gouverneur des Pays-Bas ; il combattit aux affaires de Charleroi, de Fleurus et d’Altenhoven.

Dans la seconde campagne, le jeune prince seconda avec talent les opérations du général Clairfayt.

C’est surtout dans la belle campagne du Rhin, en 1796, qu’il déploya les grandes qualités qui l’ont placé au rang des premiers hommes de guerre de l’époque.

L’histoire a recueilli cette longue suite de combats mêlés de succès et de revers ; ce qui appartient au prince Charles, c’est l’exécution du beau mouvement qui repoussa le général Jourdan des frontières de la Bohême jusque sous les murs de Dusseldorff, et les audacieuses manœuvres qui forcèrent Moreau à repasser le Rhin. L’Autriche, délivrée de la crainte de l’invasion, la Bavière ramenée sous ses lois, la guerre reportée sur les frontières de France, la prise de Kehl et d’Huningue, tels furent les résultats obtenus par la tactique d’un général de vingt-cinq ans. Reçu triomphalement à Vienne, le prince