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dialogue, cette fine moquerie qui est restée le modèle de la plaisanterie parfaite, ce qu’il y a d’excellent enfin dans la première des Provinciales (pour parler de celle qui se présente d’abord, se retrouve dans cette conversation,trop courte de Courier avec M-. A*** B***, honnête juré qui veut bien, en attendant l’heure du dîner qui va sonner, expliquer à l’écrivain qu’il vient de condamner sans l’avoir lu, l’énorme différence qu’il y a entre l’imprimé d’une feuille ou deux, qui est proprement le pamphlet, c’est-à-dire du poison, etl’écrit de trois feuilles, bien moins dangereux, paisque c’est déjà une brochure.

Mais ce n’est plus ce libraire parisien avec sa haine si cordiale contre les pamphlets, c’est sir John qui les défend avec enthousiasme. « Laissez dire,laissez-vous blâmer, condamner, emprisonner ; laissez-vous pendre, mais publiez votre pensée. Ce n’est pas un droit, c’est un devoir : étroite obligation de quiconque a une pensée de la produire et mettre au jour ! La vérité est à nous tous. » Cette vé-riiéqui est le patrimoine commun, dépôt sacré dont chacun est comptable pour sa part, il veut pour elle, non de lourds volumes qu’on ne lit pas, mais des feuilles qui courent de main en main, des pamphlets, en un mot. Les pamphlets ! « de tout temps, ils ont changé la face du monde Oh ! qu’une page pleine

dans les livres est rare ! Il n’y a point de pensée qu’on ne puisse expliquer dans une feuille et développer assez. Qui s’étend davantage,souvent ne s’étend guère ou manque de loisir, comme dit l’autre, pour méditer et faire court. »

Courier ne se peut analyser.C’est dans l’écrit même qu’il faut suivre le mouvement de ce style si vif, admirable d’entraînement et de véritable éloquence. La manière même de l’auteur a changé. Ce n’est plus cette naïveté villageoise, cette

simplicité accorte et gracieuse ; c’est quelque chose de rude, une certaine brusquerie de style qui va bien au sujet.

Les phrases se heurtent à dessein. Il semble les jeter telles qu’elles lui viennent, uniquement occupé de dire fort et vile et de clore en peu de mots beaucoup de sens.

Ce fut le dernier ouvrage de Courier. On connaît sa fin déplorable. Le 10 avril 1825, il surveillait la coupe d’un bois, au milieu duquel on le trouva mort, frappé d’un coup de feu dans la poitrine. Cinq ans après, une jeune fille, Anne Greveau, témoin secret du crime, en révéla les détails ; le coupable, précédemment acquitté, survécut peu de temps à cette révélation.

COUTARD (LOUIS-FRANÇOIS, comte)

lieutenant-général, né à Ballon (Sarthe), le 19 février 1769. Il n’avait encore que 18 ans lorsque le 13 mars 1787, il s’engagea comme soldat dans le régiment de Bresse (26e). Il acheta son congé le 1er septembre 1791 et entra le lendemain dans le 1er bataillon de la Sarthe. Le 13 janvier 1792, il passait dans la garde constitutionnelle du roi, qui remplaçait l’ancienne maison militaire. Le 30 mai suivant, cette garde fut licenciée, et Coutard rentra dans le bataillon de volontaires auquel il appartenait précédemment.

Capitaine le 11 janvier 1793, il se signala le 17 août suivant à la prise de la redoute de Jolimay, dans la forêt de Mar-male, et reçut, pendant l’action, un coup de feu à la jambe droite.

Il fut promu au grade de chef de bataillon ; adjudant-général le 14 octobre même année. Le 23 fructidor an III, il rentrait avec son grade dans le bataillon de la Sarthe, incorporé depuis dans le 73e de ligne.

Le 14 ventôse an VII, à l’assaut d’Ortonomare (