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DES

DESAIX (LOUIS-CHARLES-ANTOINE)

né le 17 du mois d’août 1768, à Saint-Hilaire d’Ayat, près Riom, en Auvergne, d’une famille noble. Il venait d’achever ses études à l’École militaire d’Effiat, quand il entra, à peine âgé de 15 ans, en qualité de sous-lieutenant, dans le régiment de Bretagne, où il se fit remarquer par un caractère grave et studieux. Lorsque les guerres de la Révolution éclatèrent, il entra en campagne avec son régiment. Son zèle et son activité le firent bientôt distinguer par les généraux Victor de Broglie et Custines qui lui conférèrent les grades d’aide-de-camp et de capitaine adjoint à l’état-major. Ayant montré une rare bravoure et une grande présence d’esprit à la prise des lignes de Weissembourg, il fut nommé général de brigade.

Desaix exerça promptement une salutaire influence sur l’esprit des soldats. Il leur donna surtout l’exemple de la constance et de la bravoure : aussi l’avaient-ils surnommé le guerrier sans peur et sans reproche.

Moreau, juste appréciateur du mérite militaire, le nomma général de division dans l’armée de Rhin-et-Moselle le 2 septembre 1794 ; Desaix eut la plus grande part aux victoires de cette brillante campagne de l’an IV, qui a illustré le nom de Moreau.

Bonaparte s’associa Desaix pour son expédition d’Égypte, à la prise de Malte, à la bataille de Chebreïss. A celle des Pyramides, il développa de si grands talents et une si merveilleuse bravoure que le général en chef lui fit solennellement présent d’un poignard d’un très - beau travail et enrichi de diamants, sur lequel étaient gravés les noms des combats que nous venons de citer ; mais de tous les témoignages d’estime qu’il reçut de Bonaparte, celui qui le flatta le plus, fut l’ordre d’aller faire la conquête de la Haute-Égypte, et d’y achever la destruction des Mamelucks : cette entreprise était périlleuse et difficile, il l’exécuta avec courage et succès. Il livra divers combats à Sonaguy, à Thèbes, à Sienne, à Gosseys ; partout il triompha. Son administration fut telle, qu’elle lui valut de la part des vaincus eux-mêmes, le glorieux titre de Sultan juste.

Il sut procurer aux hommes éclairés chargés de reconnaître ce pays, tous les renseignements qu’il avait recueillis en recherchant lui-même, en homme instruit, les ruines et les monuments importants. C’est dans ces circonstances que Desaix, rappelé par Kléber de la Haute-Égypte, signa, par ses ordres, avec les Turcs et les Anglais, un traité en vertu duquel il s’embarqua pour revenir en Europe. A peine était-il arrivé à Livourne, que l’amiral anglais Keith le déclara prisonnier, au mépris des conventions, et joignit l’insulte à la perfidie en affectant de confondre Desaix avec les soldats qui raccompagnaient. Desaix ne répondit à ces lâchetés que par ces mots :

« Je ne vous demande rien, que de me délivrer de votre présence. Faites, si vous le voulez, donner de la paille aux blessés qui sont avec moi. J’ai traité avec les Mamelucks, les Turcs, les Arabes du grand Désert, les Éthiopiens, les noirs du Darfour, tous respectaient leur parole lorsqu’ils l’avaient donnée, et ils n’insultaient pas aux hommes dans le malheur. »

Délivré par un ordre supérieur des mains de l’amiral Keith, Desaix écrivit de Toulon au premier Consul : « Ordonnez-moi de vous rejoindre, général ou soldat, peu m’importe, pourvu que je combatte à côté de vous. Un jour sans servir la patrie est un jour retranché de ma vie. » Et peu de temps après, sans même avoir revu sa famille, il partit pour l’armée d’Italie.