Page:Mullié - Biographie des célébrités militaires des armées de terre et de mer de 1789 à 1850, I.djvu/464

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

l’époque du combat d’Algésiras (messidor an IX), il était chargé, à Cadix, des détails aux armements : on lui reprocha alors de ne pas avoir, par son manque d’énergie et d’activité, fait secourir à temps le contre-amiral Linois à la suite de la journée d’Algésiras. En l’an XII, il fut fait membre de la Légion-d’Honneur le 17 frimaire, commandant de l’Ordre le 25 prairial suivant, et électeur du département du Finistère. A la mort de l’amiral Latouche, le 2 fructidor an XII, Dumanoir commanda provisoirement l’escadre de Toulon, et il espérait conserver ce commandement, mais l’Empereur y appela le vice-amiral Villeneuve. On ne sut dans le temps à quoi attribuer cette mesure ; la lettre suivante en indique le motif :

Saint-Cloud, 10 fructidor an XII.

« Monsieur Decrès, minisire de la marine,

« Il me semble qu’il n’y a pas un moment à perdre pour envoyer un amiral commander l’escadre de Toulon. Elle ne peut être plus mal qu’elle n’est aujourd’hui entre les mains de Dumanoir, qui n’est ni capable de maintenir la discipline dans une aussi grande escadre, ni de la faire agir. Il me paraît que, pour commander cette escadre, il n’y a que trois hommes : Bruix, Villeneuve et Ro-sily…

« NAPOLEON. »

Dumanoir se trouva au combat livré par Villeneuve à l’amiral Calder, sous la latitude du cap Finistère, à cinquante lieues en mer, le 3 thermidor an XIII, au retour des Antilles’.

A Trafalgar, le 29 vendémiaire an XIV, il resta spectateur immobile de l’action, quoiqu’il eut sous ses ordres les vaisseaux le Formidable, leDugay-Trouin, le Montblanc et le Scipion, et s’éloigna sans avoir combattu. Le 13 frimaire,

étant arrivé en vue du cap Villano, il souiint, contre le commandeur Strachan, un combat qu’il avait cherché à éviter, perdit ses quatre vaisseaux, et blessé à la tête, tomba au pouvoir des Anglais. Il resta quelque temps prisonnier sur parole et revint en France. Renvoyé devant un conseil d’enquête, puis au mois de mars 1809, devant un conseil de guerre maritime, il fut acquitté. Jusqu’en 1811, l’Empereur refusa de l’employer, tant l’opinion publique et la sienne.propre éprouvaient de prévention contre lui ; mais à cette époque il le nomma commandant de la marine à Dantzig, et le chargea de la direction des convois sur la Vistule. Pendant le blocus de Dantzig il rendit des services. Après un an de siège, la place capitula et Dumanoir, qu’un éclat de bombe avait blessé à la tête, fut emmené prisonnier.à Kiow. C’est de là qu’il envoya son adhésion aux actes du sénat qui prononçaient la déchéance de l’Empereur et le rappel des Bourbons.

Rentré en France au mois de juillet 1814., le roi le fit chevalier de Saint-Louis en 181b ; créé comte le 6 septembre, il commanda la division navale qui conduisit le marquis de Rivière, ambassadeur de Louis XVIII à Constantinople. Une ordonnance du 22 août 1816 avait réduit le nombre des contre-amiraux de 21 à 12 ; en 1817, on dressa, conformément à cette ordonnance, la liste de ceux de ces officiers généraux qui devaient être conservés, et Dumanoir y figura le premier.

Le 24 avril de la même année, il fut élevé à la dignité de grand officier de la Légion-d’Honneur. En 1819, Louis XVIfl le nomma vice-amiral, et en 1820, le 23 août commandeur de Saint-Louis.

Dumanoir avait été élu par le département de la Manche en 1815, et