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Gaspard Amédée Gardanne|GARDANNE (GASPARD-AMEDEE)]] == né le 24 avril 1758 à Solliers (Var), entra au service, le 1er mars 1779, comme lieutenant dans les canonniers gardes-côtes, et y resta jusqu’au 30 septembre 1780, époque de son passage dans les Gardes du corps du roi. Sorti de ce corps en 1784, il se retira dans ses foyers et ne pensait plus à reprendre les armes lorsque la Révolution éclata.

Une coalition formidable menaçait l’indépendance de la patrie et de nombreux volontaires accouraient aux frontières pour repousser l’agression. Le patriotisme de Gardanne ne fit point défaut dans cette circonstance solennelle ; il offrit ses services, fut élu deuxième chef de bataillon du 1" bataillon du Var, le 16 septembre 1791, et eut le commandement de ce même bataillon le 31 novembre 1792. C’est en cette qualité qu’il fit les campagnes des Alpes, et préluda par des actes de bravoure aux titres nombreux qu’il s’est acquis depuis à la gloire militaire et à la reconnaissance de la patrie.

Adjudant-général chef de brigade par arrêté des représentants du peuple Ri-cord, Fréron, Barras et Robespierre jeune, en date du 13 septembre 1793, il fut confirmé dans ce grade par décret de la Convention du 23 germinal an II, et prit une part active aux opérations du siège de Toulon. Passé à l’armée d’Italie, l’adjudant-général Gardanne se distingua le 9 messidor an III. Envoyé par le général Dalle-magne pour suivre les mouvements de l’ennemi qui avait projeté de s’emparer du camp de Sabion (Piémont), pour descendre ensuite à Tende, cet officier général reconnut qu’il était urgent de faire rétrograder l’ennemi, et il chargea Gardanne de diriger cette opération. Ce dernier partit avec un bataillon de tirailleurs et un détachement de la 165e deini-brigade, franchit avec intrépidité des précipices affreux, chargea les Piémontais, les culbuta avant même qu’ils eussent eu le temps de se reconnaître et leur fit éprouver des pertes considérables.

Nommé provisoirement général de brigade, au mois de brumaire an IV, par le représentant Fréron, il se signala, le 11 prairial suivant, au passage du Mincio. L’avant-garde ennemie, forte de 4,000 fantassins et de 1,800 cavaliers, défendait l’approche de Borghetto. Mis en déroute par notre cavalerie, les Autrichiens se hâtent de passer le pont et d’en couper une arche. L’artillerie légère engage •aussitôt la canonnade. Le pont est raccommodé sous le feu de l’ennemi ; mais une cinquantaine de grenadiers impatients d’aborder l’ennemi, se jettent à la nage tenant leurs armes et leurs fourniments au-dessus de leur tête et ayant de l’eau jusqu’au menton. Le général Gardanne, grenadier par la taille comme par le courage (selon les expressions du rapport du général en chef Bonaparte), était alors à leur tête. Les Autrichiens, épouvantés de tant d’audace, prennent la fuite ; le pont est rétabli ; les grenadiers passent le Mincio et s’emparent de Valeggio, quartier général de Beaulieu, qui venait d’en sortir à l’instant même. Le 18 thermidor an IV, à la bataille de Castiglione, le général Gardanne tourna l’ennemi, fondit sur lui, le mit en déroute, et par ce mouvement hardi contribua puissamment au succès de cette affaire.

Le 25 brumaire an V, à la première journée d’Arcole, il fit 400 prisonniers ; à la seconde, 2,300, parmi lesquels se trouvait un général-major, et il enleva 11 pièces de canon et 2 drapeaux. Le 27, au moment où l’ennemi faisait son mouvement pour s’emparer du pont, le général en chef Bonaparte donna l’ordre à Gardanne d’aller s’embusquer dans un