Page:Mullié - Biographie des célébrités militaires des armées de terre et de mer de 1789 à 1850, I.djvu/88

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

ment lui suffisait, et il réintégra les fonds dans la caisse publique.

Après le départ de Napoléon pourj’île d’Elbe, Boinod qui avait protesté contre l’Empire, courut se ranger à côté de son bienfaiteur, de son ami. Abandonnant sa position, compromettant son avenir, il se rend en Suisse, y installe sa femme et ses enfants, et après avoir traversé l’Italie, il s’embarqua incognito à Piombino sur une petite barque qui conduisait des ouvriers tanneurs à l’île d’Elbe. Il débarqua, au mois d’août, àPorto-Longone ; l’Empereur s’y trouvait alors et fit à Boinod l’accueil le plus bienveillant. Le lendemain, un ordre du jour apprit aux troupes que M. Boinod était chargé en chef des services administratifs de l’île d’Elbe. L’Empereur le laissa maître" de fixer lui-même ses appointements ; ef celui qui aurait pu avoir des millions, ne voulut accepter que 3,000 francs, dont 900 francs furent consacrés à son secrétaire, et 600 à son domestique. Rayé des contrôles du corps des inspecteurs aux revues, Boinod revint en France avec l’Empereur, et fut nommé inspecteur en chef aux revues de la garde impériale. On lui alloua 40,000 francs pour frais d’installation ; mais la caisse d’un des régiments soumis à sa surveillance se trouvant à découvert d’une pareille somme, il envoya au chef du corps ces 40,000 francs en l’invitant à combler un déficit qu’il serait obligé de signaler.

Rayé de nouveau des contrôles après la seconde abdication, il fut admis à la retraite le 16 avril 1817, et se vit bientôt obligé d’accepter pour soutenir sa famille, le modeste emploi d’agent spécial de la Manutention des vivres de Paris, emploi qu’il exerça pendant douze ans. Il apporta dans ce service d’immenses améliorations qui produisirent d’importantes économies pour l’État, et une nourriture infiniment supérieure pour le soldat.

Après la révolution de juillet, nommé président de la commission des anciens fonctionnaires militaires, il donna sa démission de directeur des subsistances. Il reprit son rang comme intendant militaire dans le cadre d’activité et fut nommé commandeur de la Légion d’honneur. >

Admis de nouveau à la retraite le 27 mai 1832, il avait alors quarante ans de services effectifs, et pour toute fortune sa pension de retraite, son traitement d’officier de la Légion d’honneur, et les 50,000 francs auxquels se réduisit en réalité le legs’que lui avait fait l’Empe- » reur. Boinod était au nombre de ceux db le captif de Sainte-Hélène disait : a Si je n’avais eu que des serviteurs de cette trempe, j’aurais porté aussi haut que possible l’honneur du nom français. J’en aurais fait l’objet du respect du monde entier. »

Cet homme, taillé à l’antique, mourut à Paris le 28 mai 1842. Le corps de l’intendance, lui fit élever un modeste tombeau au cimetière du Mont-Parnasse, et lui consacra une médaille en bronze représentant ses traits avec cette inscription latine : Pure àcta œtas. Portant en exergue, sur le revers, les mots suivants : // eut l’insigne honneur de figurer sur le testament de Napoléon, et au milieu :

A Boinod, Inspecteur en chef aux revues, Le Corps de l’intendance militaire. Siège de Toulon, Italie, Égypte, Allemagne, Ile d’Elbe.

BOISSEROLLE-BOISVILLIERS (JEAN-AURELE de)

né à Paris, le 3 septembre