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général était placé à Sainte-Menehould à une égale distance du corps d’armée et de l’avant-garde commandée par le général Dillon. Sur la rive droite de l’Auve, un bataillon de troupes de ligne fut placé dans le château de Saint-Thomas. Vienne-le-Château, Moirmont et la Neuville furent occupés par trois autres bataillons et de la cavalerie. Le front du camp fut couvert de batteries qui découvraient le vallon dans tous ses prolongements. La gauche du camp se terminait sur le chemin de Châlons, la rive droile de l’Auve fut laissée à l’armée de Kellermann.

Kellermânn était arrivé le 18 septembre à Dampierre-le-Château et y avait reçu le soir une dépêche de Dumouriéz qui lui indiquait en arrière et sur la gauche une position excellente, formant équerre avec la sienne. Kellermann fait le lendemain passer le ruisseau d’Auve à ses troupes ; mais à peine fut-il rendu sur l’emplacement désigné par Dumouriez que, frappé de ses inconvénients, il courut à Sainte-Menehould pour faire observer au général en chef combien cette position est dangereuse. La gauche destituée d’appui, était soumise aux hauteurs qui descendent du moulin de Valmy ; la droite touchait à un étang qui gênait sa communication avec la gauche de l’armée de Sainte-Menehould. Le ruisseau d’Auve, seule retraite en cas d’échec, était trop rapproché des derrières du camp ; une armée fuyant en désordre devait y être embourbée. Si les deux armées étaient attaquées, elles devaient y être battues par le fait seul du désavantage du terrain. Le général Kellermânn prévient Dumouriez qu’il était décidé à repasser l’Auve le lendemain 20, à la pointe du jour ; mais il n’eut pas le temps de mettre son plan à exécution. L’ennemi instruit de son arrivée, et jugeant bien la difficulté de sa position, marchait déjà pour l’attaque.

Avant trois heures du matin, le 10 septembre, les Prussiens et les Autrichiens étaient déjà en mouvement et bientôt l’avant-garde prussienne, commandée par le prince de Hohenlohe-Singelfingen, rencontre celle du général Kellermann, sous les ordres du général Després-Crassier, établie en avant du village de Hans pour éclairer cette partie et couvrir la gauche de l’armée. L’attaque de l’ennemi fit connaître qu’il s’agissait d’une affaire sérieuse et non d’une escarmouche d’avant-postes, les coalisés voulaient en finir et écraser d’un seul coup les deux petites armées qui seules pouvaient s’opposer à leur marche.

L’avant-garde ennemie s’était portée directement sur Hans, entre la Bienne et la Tourbe, tandis que le gros de l’armée, remontant cette rivière, arrivait à Somme-Tourbe suivi des Autrichiens du général Clairfayt.

A la première nouvelle de l’attaque de son avant-garde, Kellermann avait ordonné de plier les tentes, de prendre les armes et de déblayer la route en arrière en faisant filer les équipages par le grand chemin de Sainte-Menehould. Il ne fallait pas songer à repasser l’Auve, le temps pressait ; l’avant-garde, vigoureusement attaquée, se repliait déjà sur l’armée. Kellermann prit aussitôt ses dispositions pour une bataille en règle.

Un brouillard épais empêcha jusque vers sept heures les deux armées de connaître leurs dispositions respectives ; lorsqu’il se fut un peu dissipé, l’artillerie commença à tirer de part et d’auire, et le feu se soutint avec vivacité, sans être fort meurtrier pour aucun parti. Vers dix heures, le général Kellermann, placé au centre de la ligne et occupé à étudier les manœuvres de l’ennemi, eut son cheval tué sous lui d’un coup de canon. Presque