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faire partie de l’importante expédition qui devait débarquer une armée fran-, çaise sur les côtes de l’Irlande, et bientôt faire flotter les couleurs de la République française sur le sol de notre éternelle ennemie. La France, appelée à l’aide par les Irlandais décidés à se soustraire au joug des Anglais, envoya une armée de 15,000 hommes ; une tempête dispersa entièrement la flotte, et d’affreux malheurs vinrent détruire cet immense projet d’invasion, projet dont la réussite assurait à l’Earope une paix générale.

L’intrépide capitaine Lacrosse’ auquel la République avait confié le commandement du vaisseau de 74, les Droits de l’Homme, lutta contre la violence dés éléments, et malgré l’épouvantable tempête qui avait détruit en partie notre flotte, il ne perdit pas de vue les côtes de l’Irlande et ne voulut pas s’éloigner sans s’être assuré qu’aucun de nos vaisseaux n’avait été jeté sur les côtes de cette île. Forcé d’y prendre terre,. il visita non-seulement le littoral qui avoi-sine l’embouchure de la rivière de Shan-non, deuxième point indiqué à l’escadre pour y opérer le débarquement des troupes ; mais il croisa inutilement huit jours en vue de l’Irlande ; c’est alors seulement qu’il se décida à rallier l’escadre en se dirigeant vers les côtes de France.

Le 22 nivôse an V (13 janvier 1796) le commandant des Droits de l’Homme s’estimait à un degré (25 lieues) de Pen-march, quand on aperçut au vent le navire anglais l’Indéfatigable. Ce vaisseau avait de son côté remarqué le navire français et portait sur lui ; bientôt une frégate apparut à l’horizon, et c’était encore un ennemi. Le commandant Lacrosse prit chasse devant eux, non pour refuser le combat, mais pour gagner du temps et s’y mieux préparer. Il

essaya d’augmenter ses voiles ; les manœuvres cessèrent. Cependant la marche continua. Vers trois heures, on remarqua deux nouveaux bâtiments ; ils cherchaient à lui couper laroute, c’étaient • donc encore des ennemis. Dans cette situation difficile, le commandant ordonna de virer de bord et de marcher sur l’amiral anglais qui était le plus proche de lui, et qui d’ailleurs était le plus formidable des quatre adversaires. Cet ordre ; que l’équipage des Di’oits. de l’Homme accueillit avec un hourra unanime, fut immédiatement suivi du branle-bas, et chacun se prépara au combat, avec cette joie fébrile qui saisit le soldat au moment du danger. Par malheur, l’un des bras du grand hunier cassa et le vaisseau se trouva démâté de ses deux mâts de hune. L’Anglais, au lieu de profiter de ce contre-temps, laissa aux Droits de tHomme le loisir de déblayer le pont, et quand il lui envoya sa bordée, il en reçut une énergique riposte, accompagnée d’un terrible feu de mousqueterie ; il chercha alors à enfiler le navire français ; mais Lacrosse qui prévit cette manœuvre, poussa sur lui afin de l’aborder.. Par là, en effet, l’équilibre eût été rétabli, tandis qu’en se bornant à des canonnades, toute l’infériorité était de notre côté, car la mer était si houleuse que, faute de l’appui " que les Droits de l’Homme ne recevait plus de sa mâture, on était obligé de fermer les sabords de la batterie basse, ce qui rendait inutiles les canons de 36 qu’elle renfermait. Mais le commodore Pellew, commandant de l’Indéfatigable, n’osa point ac^-cepter ce genre de combat et prit du large devant le navire français.

A six heures trois quarts, il y avait’ déjà une heure et demie que le combat durait ; la frégate ennemie {l’Amazone) put entrer en lice et annonça sa participation à la lutte par une bordée dans

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