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il commanda une brigade de l’armée de Catalogne, et fut fait gouverneur de Lé-rida le 25 juillet 1813.

A peine installé, il fut assiégé par un corps d’armée espagnol, résista pendant sept mois, et fit échouer toutes les tentatives de l’ennemi.

Les communications avec l’armée de Catalogne avaient cessé d’exister depuis longtemps, lorsqu’un émissaire apporta au général Lamarque l’ordre de se tenir prêt à évacuer la place, et cet ordre, écrit avec le chiffre habituellement employé par le maréchal duc d’Albuféra, ajoutait que dans deux ou trois jours un officier de l’état-major français viendrait chercher la garnison qui devait se joindre à celle de Méquinenza et de Monson. En effet, trois jours après, le capitaine Yan-hulen, attaché à l’état-major du maréchal, se présenta apportant l’ordre formel d’évacuer la place. Quoique sans défiance, le général Lamarque ne voulut cependant rendre Lé-rida qu’après avoir conclu avec le général baron d’Éroles, commandant les troupes espagnoles, une convention par laquelle la garnison devait rejoindre l’armée française sans être inquiétée dans sa route par les Espagnols ou par les Anglais.

Ces conditions ayant été acceptées et le traité signé, le général Lamarque se mit en marche et fut rejoint par la garnison de Méquinenza. Jusqu’au quatrième jour, aucun obstacle ne se présenta ; mais, arrivé au défilé de Martorell, la colonne française trouva un corps de 12,000 Anglais avec 20 pièces de canon, qui s’opposa à son passage.

Engagée dans le défilé, ayant vis-à-vis d’elle les Anglais, à droite des rochers inaccessibles, à gauche le Llobregat, et sur ses derrières le corps espagnol du baron d’Éroles, elle se trouva dans la position la plus critique.

Le général Lamarque, qui n’avait avec lui que d,500hommes, jugeant qu’il devenait impossible de soutenir un combat avec quelque chance de succès, réclama alors l’exécution du traité de Lérida ; mais le général anglais, Coppons, lui répondit impudemment qu’il avait été la dupe d’un stratagème militaire, que le capitaine Vanhulen, qui avait porté l’ordre de l’évacuation, était un transfuge du quàrteir général du duc d’Albuféra, d’où il avait déserté en emportant le chiffre à l’aide duquel on avait fabriqué les faux ordres. Le général Coppons termina cette ignoble révélation en sommant le général Lamarque de faire mettre bas les armes à sa troupe, et de se rendre à discrétion. Celui-ci déclara qu’il n’accepterait jamais de pareilles conditions ; mais ce fut en vain qu’il réclam’a l’exécution des promesses.

Coppons, après s’être concerté avec son état-major, et voulant, disait-il, éviter l’effusion du sang, proposa les conditions suivantes : « Les soldats français déposeront leurs armes en faisceaux ; et conserveront leurs sacs. Les officiers de tout grade garderont leur épée et leurs bagages, et, dans cet état, les deux garnisons seront escortées jusqu’aux avant-postes de l’armée du duc d’Albuféra. »

On signa donc le nouveau traité ; mais à peine était-il exécuté par les Français, que le général Coppons viola lâchement sa parole en déclarant que les troupes françaises étaient prisonnières de guerre.

Il fallut se soumettre à cette indigne trahison, et le général Lamarque, ainsi que ses braves compagnons d’armes, restèrent en captivité jusqu’en 1814. ■ On le mit en demi-solde le 1" juillet suivant. L’Empereur, à son retour de l’île d’Elbe, l’employa, le 20 avril 1815, au 9* corps d’observation, et, après la


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