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une perte considérable à l’ennemi, donna le temps à l’armée française de reprendre l’offensive, et contribua ainsi au gain de la bataille, qui était resté incertain jusqu’à six heures du soir. A partir de cette époque, sa vie ne fut plus qu’une suite de travaux, de.combats et de brillants succès.

La campagne de l’an III s’ouvrit par le passage du"Rhin. Chargé de franchir le fleuve au-dessus de Dusseldorff avec une partie des grenadiers de la 7e division, le général Legrand s’embarqua avec sa troupe au milieu de la nuit du 17 au 18 fructidor. La lune qui vient de se lever, permet à l’ennemi de voir tous les mouvements des Français. A l’aspect de la flottille, les Autrichiens dirigent sur elle le feu de toutes leurs batteries. Le Rhin semble rouler des eaux embrasées. La surprise et l’ardeur des combattants, le danger de cette attaque sur un fleuve rapide, ISO pièces de canon tonnant à coups pressés, forment, avec les obus qui se croisent sur le fleuve, le tableau le plus horrible et.le plus majestueux des fureurs de la guerre. Legrand, impatient de se voir aux prises avec l’ennemi, s’élance dans les flots, en s’écriant : Camarades, suivez-moi ! Ses grenadiers, électrisés par son exemple, se précipitent sur ses pas. La charge bat, le général français s’avance audacieusement contre les Autrichiens, surpris d’une telle audace, culbute 2,000 hommes campés en arrière de l’anse de Haneim, s’empare d’une batterie de 7 pièces de canon qui défendaient le débouché de la Herf, se porte rapidement sur Dussel-dorf, dont il se rend maître, et fait prisonniers 2,000 hommes de troupes palatines qui formaient la garnison de cette place. Cette audacieuse opération fut terminée en moins de sept heures. Le général en chef Jourdan, dans le rapport qu’il fit à la Convention sur le pas-

sage du Rhin, s’exprimait ainsi : « La conduite du général Legrand et son in-^ trépidité sont au-dessus de tous les éloges. »

La campagne de l’an IV, en Allemagne, lui fournit de nouvelles occasions de se distinguer. Le 30 thermidor, le général Championnet lui donna l’ordre de se glisser, avec deux bataillons de la 92e demi-brigade et un escadron de dragons, dans les gorges de Niessas pour essayer de tourner la gauche des Autrichiens par Wolsfeld. Arrivé au débouché des gorges, Legrand se trouva àLain-hoffen, en face d’un ennemi supérieur, protégé par une artillerie formidable. En apercevant le danger de sa position, le général français suspendit prudemment sa marche dans un petitbois où les Autrichiens essayèrent de le cerner, repoussa vigoureusement leurs attaques, et se maintint jusqu’au moment où le général Championnet vint le dégager. Il donna de -nouvelles preuves de courage à l’attaque des hauteurs de Poperg et de Lansfeld, où l’ennemi fut repoussé jusqu’à Amperg, ce qui facilita la prise de Cassel par le général Bonnaud. ■ Pendant la même campagne, le général Legrand, à la tête de douze compagnies d’infanterie, franchit une seconde fois le Rhin, à Wissenthurn, vis-à-vis Neuwic, chassa les Autrichiens de leurs retranchements, leur fît éprouver des pertes considérables, et les tint en échec autant de temps qu’il en fallut pour établir un pont sur le fleuve.

A la journée de Wurtzbourg, le 18 messidor, sa brigade, disséminée sur une étendue de deux lieues, fut enveloppée par 3,000 chevaux et 10,000 hommes d’infanterie. Le général français, frappé de l’imminence du péril, réunit promptement ses soldats, attaqua l’ennemi avec résolution, se fraya un passage à travers ses colonnes, opéra ea