Page:Mullié - Biographie des célébrités militaires des armées de terre et de mer de 1789 à 1850, II.djvu/210

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retraite avec la plus grande opiniâtreté, et protégea celle de la cavalerie de l’armée, qui se trouvait sérieusement compromise. Il ne déploya ni moins de bravoure, ni moins d’habileté au combat de Liptingen, où il eut deux cheveaux tués sous lui.

En l’an V, les Autrichiens, au nombre de 1,200 hommes, ayant effectué un passage du Rhin à Neuhorfl, attaquèrent Ja brigade du général Legrand qui était dispersée depuis le confluent de la Lahh jusqu’à Neuwic. Le général rassembla à la hâte deux compagnies de grenadiers et -25 dragons, marcha à la rencontre de l’ennemi, l’attaqua avec impétuosité, le culbuta dans le fleuve et lui fit 400 prisonniers. La guerre, suspendue en l’an VI par les négociations de Rastadt, se ralluma, en l’an VU, avec plus de fureur entre la France et l’Autriche.

Legrand, promu au grade de général de division par un arrêté du 1er floréal, prit le commandement des troupes stationnées sur la rive droite du Rhin, et établit son quartier général à Kork, en avant du fort de Kehl. Obligé de se retirer momentanément à Strasbourg pour rétablir sa santé altérée par les fatigues de la guerre, il entrait à peine en convalescence, lorsque le général Masséna, jaloux de s’entourer d’officiers distingués, l’appela près de lui en Helvétie ; mais Legrand vint reprendre son premier poste sur la rive droite du Rhin, aussitôt que l’ennemi se fut renforcé dans la vallée de la Kintzig.

Le 18 messidor, des forces supérieures assaillirent ce général sur toute sa ligne : elles débouchèrent par la vallée de la Kintzig, par celle d’Erbach, se dirigeant sur Oberkirck,Offembourg et Attenheim. Nos avant-postes, attaqués à l’improviste, furent contraints d’évacuer Offembourg et de se replier sur la forêt de Neumûhl, à une petite lieue de Kehl. Renforcé par

des troupes fraîches, le général Legrand reprit aussitôt l’offensive, repoussa l’ennemi jusqu’à Offembourg, le culbuta après un combat des plus opiniâtres, et reprit, par son courage, l’avantage que les Autrichiens n’avaie/it dû qu’à la surprise et à la supériorité de leurs forces.

En l’an VIII, on lui confia de nouveau le commandement d’une division à la gauche de l’armée d’Allemagne. C’est lui qui, le 1er floréal, soutint, en avant d’Erbach, le premier choc de l’armée ennemie. Le 2 prairial suivant, il se distingua au combat de Delmesingen. Dans la campagne suivante, il eut aussi la gloire, sous les ordres de Moreau, d’attacher son nom à la célèbre victoire de Hohenlinden.

Pendant que les divisions du centre combattaient sur le front de la ville de ce nom, le prince Ferdinand qui avait suivi la rive gauche de l’Izen, à la tête de dix-huit bataillons, de quatre régiments de cavalerie et 15 pièces d’artillerie, se disposait déjà à tourner le bois d’Opirechling pour s’emparer de la redoute d’Erdingen, afin de couper les communications des Français avec Munich, de les prendre à dos et de neutraliser les succès que le centre avait obtenus. Le général Legrand, pénétrant les desseins du prince Ferdinand, donna aussitôt’le signal du combat. Ses troupes fondent avec impétuosité sur l’ennemi, taillent en pièces tout ce qui s’oppose à leur passage, lui enlèvent 3,000 hommes, ■4 pièces de canon et le forcent de se retirer en désordre dans la vallée de Dor-sen, où le lendemain elles lui font encore 1,500 prisonniers. Les Autrichiens n’opposaient plus que des efforts impuissants à la marche victorieuse de l’armée du Rhin ; l’aile gauche ayant franchi la Salza, partie à Laussen, partie à Rurg-Haussen, atteignit la route de Rica, fit le blocus de Braunau, marcha sur Scharding,