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l’île de Walcheren. Les mesures furent si bien concertées que les Anglais n’osèrent rien entreprendre contre lui.

Lorsqu’en l’anX, le premier Consul voulut rappeler les puissances barbares-quès au respect du pavillon français, il fit choix de l’amiral Leissègues pour commander la division navale chargée de cette mission. Leissègues obtint à Alger et à Tunis toutes les satisfactions exigées par le premier Consul, et ramena avec lui les présents du Dey d’Alger et l’ambassadeur extraordinaire de celui de Tu-• nis. La même année, il conduisit à Con-stantinople le général Brune, accrédité auprès de Selim III en qualité d’ambassadeur extraordinaire, et puis il alla installer dans les Échelles du Levant les Consuls de Chypre, de Rhodes, de Chio et de Salonique : c’était le temps de la paix d’Amiens. Il se dirigea ensuite sur Alexandrie pour s’assurer si les Anglais l’avaient évacuée, et de là sur Malte, où il lui fut aisé de reconnaître que l’Angleterre tie se disposait nullement à rendre cette île à l’ordre de Malte, selon les prescriptions du traité. La reprise des hostilités était imminente : elles ne tardèrent pas à recommencer, et Leissègues fut appelé au commandement d’une des escadres de l’armée navale de Brest, aux ordres de l’amiral Gantheaume.

Nommé membre de la Légion-d’Hoci-neur le 19 frimaire an XII, il reçut la croix de commandeur de l’Ordre le 25 prairial suivant.

Le 22 frimaire an XIV, onze vaisseaux appareillèrent : ils avaient pour chefs les amiraux Leissègues et "Willaumez. Ils devaient former deux escadres et ne se séparer qu’à la mer. Ils naviguèrent de conserve pendant deux jours, et firent route ensuite pour leur destination respective : Leissègues, avec cinq vaisseaux, deux frégates et une corvette, avaitpour mission de porter à Santo-Domingo 900

hommes de troupes et des munitions de guerre. Après quarante jours de traversée, il entra à Santo-Domingo dans un état complet d’avaries causées par les vents. Quatorze jours suffirent à peine "aux,réparations les plus urgentes, et lorsqu’il se disposait à partir, il vit apparaître une escadre anglaise de neuf vaisseaux et plusieurs frégates. Il sortit aussitôt et donna l’ordre de se préparer au combat. Les manœuvres de l’amiral ont reçu une part peut-être égale d’éloges et de blâme ; il ne nous appartient pas de les apprécier. Peut-être devait-il éviter le combat en présence de forces supérieures. Sa réponse à ce reproche inspire une respectueuse admiration : « Élève du bailli de Suffren, dit-il, j’ai appris de lui à ne jamais compter mes ennemis. » Sa défense fut héroïque : le vaisseau amiral avait perdu 150 hommes et 30 officiers supérieurs, il avait 500 boulets dans le corps du vaisseau ; le mât d’artimon, le grand mât et le petit mât de hune étaient coupés ; le feu avait pris trois fois, les batteries de 24 et de 18 étaient désemparées des deux bords, il y avait vingt pieds d’eau dans la cale, un boulet resté dans l’étambraie empêchait le jeu du gouvernail ; le capitaine, le second et six officiers étaient blessés. Décidé à ne point amener son pavillon, Leissègues profita d’un moment où le feu s’était éteint de part et d’autre pour diriger l’Impartial sur la côte au moyen de la.misaine, seule voile qui lui restait, et il échoua à dix lieues environ dans l’est de Santo-Domingo. Trois jours après, malgré le feu des vaisseaux ennemis, il avait débarqué ses blessés et ce qui restait de l’état-major et de l’équipage, et il descendait à terre emportant avec lui son aigle et son pavillon. Après avoir lu le récit de cette action, l’Empereur dit : « C’est un des beaux combats de la marine française. »

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