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en partant pour l’émigration ; cette circonstance m’avait mis dans le cas de lui servir d’oncle et de père, ce quô j’avais réellement accompli ; j’y pris un véritable intérêt, et j’avais de bonne heure fait sa fortune. Son père était chevalier de Saint-Louis, propriétaire de forges en Bourgogne, et jouissait d’une fortune considérable, o

(Mémorial de Las Cazes.)

« Jamais défection n’avait été plus avouée, ni plus funeste ; elle se trouve dans le Moniteur, et de sa propre main ; elle a été la cause immédiate de nos malheurs, le tombeau de notre puissance, le nuage de notre gloire Et pourtant, disait

Napoléon avec une espèce de ressouvenir d’affection, je le répète, parce que je le pense, ses sentiments vaudront mieux que sa conduite ; et lui-même ne semble-t-il pas penser ainsi ? Les papiers nous disent qu’en sollicitant vainement pour Lavalette, il répond avec effusion aux difficultés du monarque en lui disant : « Mais sire, moi, je vous ai donné plus que la vie. »

« D’autres nous ont livrés aussi, ajoutait Napoléon, et d’une manière bien autrement vilaine ; mais leur acte du moins n’est pas consacré par des preuves officielles. »

« La vanité avait perdu Marmont : la postérité flétrira sa vie ; pourtant son cœur vaudra mieux que sa mémoire. » (Mémorial de Las Cazes.)

La dernière entrevue de Marmont avec la famille royale présente un incident curieux :

Le 29 juillet, au moment où le duc de Raguse est venu rendre compte à Charles X du résultat de la lutte, M. le duc d’Angoulême était à cheval à la tête de quelques troupes. A peine écouta-t-il le récit du maréchal, etlui dit avec hauteur : . « Savez-vous à qui vous parlez ? — Au dauphin, répliqua le duc de Raguse. —

Le roi m’a nommé généralissime, repartit le prince. — Je l’ignorais, repartit le maréchal, mais je n’en suis pas surpris. — Eh bien ! ajouta le dauphin, je vous déclare en cette qualité que l’échec qu’on vient d’essuyer n’est dû qu’à vous et que vous êtes un traître ! vous nous avez traités comme Vautre. — A ces mots, le maréchal répondit fièrement : Prince, sans les traîtres, vous n’eussiez jamais régné. » Le dauphin se tourna alors vers un garde du corps et lui ordonna de recevoir l’épée du maréchal. Le prince la prit ensuite et, en cherchant à la briser de ses deux mains sur le pommeau de la selle de son cheval, il se blessa et ensanglanta ses mains. Enfin, il ordonna au duc de Raguse d’aller tenir les arrêts ; le maréchal se retira.

« Bientôt Charles X fut informé des détails de cette singulière altercation, et il blâma entièrement la conduite brutale de son fils ; mais ne voulant pas lui donner tort aux yeux de la cour, il restreignit la durée des arrêts à quatre heures. Après ce temps écoulé, l’heure du dîner arriva, le couvert du duc de Raguse était mis, mais il ne crut pas devoir paraître à table. »

Le duc de Ragnse quitta la France pour ne plus la revoir, en même temps queCharlesX s’embarquait à Cherbourg, chassé par une révolution qui n’était elle-même que la suite d’une émeute de journalistes.

MARTIN (PIERRE, comte)

vice-amiral, né à Louisbourg (Canada), le 29 janvier 1752.

Le Canada était alors une colonie française. Les parents de Martin, qui étaient allés y chercher la fortune, l’envoyèrent, à peine âgé de douze ans, dans la mère patrie pour y faire ses études. Le goût de la mer le prit pendant la traversée, et il resta, en qualité de pilotin, à bord de là flûte le Saint-Esprit,