Page:Mullié - Biographie des célébrités militaires des armées de terre et de mer de 1789 à 1850, II.djvu/351

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de Leoben, et les cris de 500 de leurs blessés qui expirent au milieu des flammes mettent le comble à cette scène d’horreur et de destruction. Les Russes perdirent dans cette journée 6,000 hommes blessés ou tués, trois officiers généraux, des drapeaux, des pièces d’artillerie et des milliers de fusils. Mortier s’étant ensuite porté en avant, osa, avec 4,000 hommes seulement, présenter le combat à l’armée entière commandée par Kutusoff. Malgré l’extrême infériorité de ses forces, le maréchal culbuta les colonnes ennemies. Il fit dans cette occasion des prodiges de valeur.

En 1806, Napoléon confia à Mortier le commandement du 8e corps de la grande armée, composée de troupes gallo-ba-taves. Il s’empara de Cassel le 1" octobre et de Naumbourg en novembre suivant. En 1807, il vainquit les Suédois à An-clam et se signala à la bataille de Fried-land. Nommé duc de Trévise, quelque temps après, il reçut une dotation de 100,000 francs de rente sur les domaiues de l’ancien électoral de Hanovre. En 1808, il commanda le 5° corps de l’armée d’Espagne, prit une part glorieuse au siège de Saragosse, gagna la bataille d’Ocana,’ où plus de 60,000 Espagnols furent écrasés par moins de 30,000 Français, fut chargé du siège de Cadix et battit les Espagnols à la bataille de Ge-bora en 1811.

En 1812, lorsvde la campagne de Russie, le maréchal Mortier reçut le commandement de la jeune Garde impériale. L’Empereur le nomma gouverneur du Kremlin et lui donna, au moment de la retraite, la terrible mission de le faire sauter. Poursuivi par des forces supérieures, le duc de Trévise fut attaqué au passage de la Bérésina et partagea avec le maréchal Ney l’honneur de sauver les débris de la grande armée. Ce fut lui qui réorganisa, à Francfort-sur-le-Mein, la jeune Garde dont il eut le commandement pendant la campagne de 1813. Il combattit à Lutzen, à Baûtzen, à Dresde, à Wachau, à Leipzig et à Hanau.

Pendant la campagne de 1814., le maréchal duc de Trévise prit une part active à toutes les actions qui signalèrent cette immortelle campagne. Ce fut lui qui, dans la défense de Paris, fut chargé de soutenir le choc de l’armée alliée dans la plaine de Saint-Denis. Parvenu au pied de l’enceinte de cette capitale, l’empereur de Russie envoya à Mortier le comte Orlow, son aide-de-camp, pour le sommer de mettre bas les armes ; le maréchal répondit : « Les alliés, pour être au pied de la butte Montmartre, ne sont pas pour cela maîtres de Paris. L’armée s’ensevelirait sous ses ruines plutôt que de souscrire à une capitulation honteuse ; et quand elle ne pourra plus se défendre, elle sait comment et par où effectuer sa retraite devant et malgré l’ennemi. »

• Mortier ne quitta sa position qu’après que le duc de Raguse eut conclu un arrangement pour l’évacuation de la capitale. Le 8 avril il envoya son adhésion aux actes du Gouvernement provisoire. Immédiatement après la rentrée des Bourbons, il fut envoyé à Lille en qualité de commissaire extraordinaire de la 16e division, dont il devint ensuite gouverneur. Le roi le nomma chevalier de Saint-Louis et Pair de France.

A l’époque du 20 mars, le Gouvernement résolut de former à Péronne une armée de réserve dont le maréchal devait avoir le commandement. Arrivé à Lille un peu avant Louis XVIII, le duc de Trévise se hâta de prévenir M. de Blacas que la garnison était prête à se soulever et fit conjurer le roi de partir le plus promptement possible. Le roi ayant approuvé ce conseil, le maréchal